COÛTS DE PRODUCTION
Pour produire, une entreprise utilise ce que les économistes appellent des facteurs de production : main-d'œuvre (facteur travail), équipements, machines, etc. (facteur capital). La relation existant entre la production et les quantités de facteurs de production utilisées peut être exprimée sous la forme d'une fonction mathématique appelée fonction de production. Celle-ci permet d'étudier, pour un niveau de production donné, les différentes combinaisons possibles de facteurs de production. Ces combinaisons dépendent du degré de complémentarité ou de substituabilité des facteurs : peut-on, et si oui dans quelle proportion, remplacer un travailleur par des machines – du travail par du capital – ou inversement ? Une fois connues les quantités de facteurs de production utilisées dans l'acte productif, on peut analyser celui-ci en se focalisant soit sur le coût des facteurs, soit sur leur rendement. Ces deux dimensions de l'analyse sont complémentaires, et appellent chacune des précisions, car différents types de coûts et de rendements sont à distinguer.
Typologie des coûts et des rendements
Pour analyser le coût total de production, on le décompose en général en deux parties, l'une fixe, l'autre variable. Les coûts fixes sont indépendants de la quantité produite (par exemple, la construction d'une usine) et les coûts variables fonction de la quantité produite (par exemple, l'achat de matières premières ou les salaires). Lorsqu'on rapporte le coût total (ou chacune de ses composantes, coût variable et coût fixe) à la quantité produite, on obtient le coût total moyen, ou coût unitaire (ou coût variable moyen et coût fixe moyen).
Cette décomposition ne dépend pas seulement de la nature des facteurs employés, mais également de l'horizon temporel considéré : à long terme – contrairement au court terme –, aucun coût n'est réellement fixe, car les quantités de tous les facteurs peuvent être ajustées et tous les coûts deviennent variables (par exemple, l'usine construite, si elle ne convient plus, peut être revendue ou agrandie).
Une fois connus les quantités et les coûts des facteurs de production mobilisés pour la production, on peut calculer des indicateurs de productivité. La productivité se définit comme le rapport entre la production et la quantité de facteurs de production nécessaire pour l'obtenir, ou comme le rapport entre la valeur ajoutée et le prix des facteurs de production nécessaires à la production. La première définition renvoie à la productivité physique, la seconde exprime la productivité en unités monétaires.
Quand la productivité est exprimée à partir d'un seul facteur, elle mesure l'apport productif du facteur considéré, et on parle alors de productivité apparente. Par exemple, si en dix heures de travail un travailleur produit 10 euros de valeur ajoutée, la productivité apparente du travail est de 1 euro. Cette productivité moyenne correspond au rendement du facteur, ou rendement factoriel. La loi des rendements décroissants, que l'on peut attribuer à Turgot (dans ses Observations sur le mémoire de M. de Saint-Péravy, 1767, Turgot parlait de loi des proportions variables), s'applique aux rendements factoriels : dans une usine, l'embauche de nouveaux travailleurs – en supposant qu'aucune machine n'est ajoutée – fait augmenter la production totale, mais de moins en moins vite.
Lorsque tous les facteurs de production sont susceptibles d'être ajustés ensemble et dans la même proportion, on parle de rendements d'échelle. L'existence de rendements d'échelle provient du fait que le coût moyen n'est pas nécessairement constant lorsque la quantité produite varie. Si le coût moyen baisse lorsque la production augmente, l'entreprise réalise des économies d'échelle : on parle alors de rendements d'échelle croissants.[...]
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Écrit par
- Nicolas COUDERC : enseignant, chercheur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne (T.E.A.M.-C.N.R.S.)
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