COÛTS DE PRODUCTION
Influence des rendements d'échelle sur la structure du marché
En général, et c'est l'hypothèse retenue par la théorie économique néo-classique « standard », il existe une taille optimale commune à toutes les entreprises présentes sur un même marché, car ces entreprises sont supposées caractérisées par la même fonction de production. Cela signifie que, sur un marché donné, une entreprise dont la taille est inférieure à la taille optimale a intérêt à augmenter sa production (car elle réalisera des économies d'échelle, son coût moyen baissera) ; alors que, dans le cas contraire (si sa taille est supérieure à la taille optimale), elle a intérêt à réduire sa taille, car elle peut réduire son coût moyen en produisant moins (l'entreprise résorbera ainsi ses déséconomies d'échelle). La taille optimale de l'entreprise est donc celle qui lui permet de produire au coût moyen minimal et, par là même, de maximiser son profit. Un lien existe donc entre les rendements d'échelle et la taille optimale des entreprises.
Or cette taille optimale a une influence sur la structure de marché, structure définie par les relations entre producteurs et acheteurs, qui dépendent principalement du nombre de producteurs et d'acheteurs se faisant face. Si la taille optimale de chaque entreprise est petite par rapport à la taille totale du marché, la structure de marché est celle de la concurrence : beaucoup d'entreprises de petite taille sont présentes sur le marché (les économistes parlent alors de marché atomistique). L'existence d'une telle concurrence assure que le prix de marché s'ajustera de manière à égaliser l'offre et la demande, maximisant la satisfaction des consommateurs.
Plus la taille optimale d'une entreprise est élevée (elle peut être très élevée si la technologie de production est telle qu'il existe, avant de parvenir à la taille optimale, un large potentiel d'économies d'échelle), moins il y aura d'entreprises en concurrence sur un même marché. Lorsqu'il n'y a que quelques entreprises sur un même marché, on voit apparaître un oligopole. Le cas extrême est atteint lorsque les économies d'échelle ne cessent jamais. Dans ce cas, la taille optimale est infinie, et un seul producteur concentre tout le marché : les coûts fixes sont tellement élevés que l'augmentation de la production permet toujours de faire baisser le coût moyen des unités produites, même en tenant compte de l'augmentation des coûts d'organisation. Il émerge alors ce qu'on appelle un monopole naturel.
Contrairement au monopole, le monopole naturel est justifié par des spécificités techniques. Ainsi, les activités dites de réseau (pont, tunnel, réseau ferré ou téléphonique...) sont, en général, des monopoles naturels : une fois que le réseau est financé, augmenter le nombre d'usagers du réseau ne coûte presque rien, du moins tant que l'on n'atteint pas le point de saturation du réseau. Dans ce cas, compte tenu du pouvoir qu'a l'entreprise en situation de monopole sur le marché, les pouvoirs publics interviennent en général pour empêcher celle-ci d'en abuser, soit directement (nationalisation du monopole), soit indirectement (réglementations, contrôles, négociation de contrats).
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Écrit par
- Nicolas COUDERC : enseignant, chercheur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne (T.E.A.M.-C.N.R.S.)
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