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COVENT GARDEN

Le jardin conventuel dont les estampes de Hogarth restituent dans The Rake's Progress la vie grouillante, et sur l'emplacement duquel s'élève l'actuel Opéra royal, a toujours constitué l'un des hauts lieux de la vie londonienne, riche par ailleurs d'innombrables salles de théâtre et d'opéra au passé prestigieux. Quartier aristocratique au xviie siècle, agrémenté d'un marché de fruits et légumes, carrefour théâtral dès l'aube du xviiie siècle libertin, il a accueilli trois salles successives à l'enseigne de Covent Garden. En 1732 tout d'abord, John Rich ouvre un théâtre essentiellement consacré à l'art dramatique mais où Haendel fera représenter Ariodante, Alcinaet Atalantaainsi que sa Berenice, regina d'Egitto, alors que son port d'attache demeurait le King's Theatre, voué au répertoire italien. En 1809, après l'incendie de la première salle, la nouvelle est confiée à l'acteur Charles Kemble, lequel, faute de s'attacher le très convoité Rossini, accueille, en 1826, la première londonienne de l'Oberon de Weber. Là viendra bientôt se produire Maria Malibran, transfuge du King's, dans La Sonnambula de Bellini et Fidelio de Beethoven, exemple suivi, à partir de 1847, par les artistes ayant quitté la prestigieuse troupe italienne. Ce Covent Garden italianisé peut enfin accueillir les ouvrages rossiniens hier accaparés par l'institution rivale. Ainsi, cette même année, près de deux décennies après sa première à Londres, Semiramide y est représenté avec Giulia Grisi, Marietta Alboni et Antonio Tamburini.

Un second incendie ayant détruit ce Royal Italian Opera nouvellement promu, l'édifice actuel, orné d'un portique de style corinthien, ouvrit ses portes le 15 mai 1858 avec une reprise des Huguenots de Meyerbeer. La totalité des opéras étant donnée en italien jusqu'en 1888, puis en langue originale, le théâtre, élevé au rang d'Opéra royal dès 1862, s'honora d'accueillir son premier Ring wagnérien, présenté en 1892 par la troupe de Hambourg sous la direction de Gustav Mahler. Depuis ses débuts dans ce théâtre en 1888, la diva australienne Nellie Melba règne sans partage sur les lieux où, forte de ses triomphes en Mimì (La Bohème de Puccini) ou en Juliette (Roméo et Juliette de Gounod), elle régente la programmation comme les distributions, distributions où figurent notamment à ses côtés Jean de Reszke, admirable Roméo, ainsi que Alessandro Bonci et Fernando De Lucia dans le rôle de Rodolfo. Parmi les directeurs musicaux qui, à cette époque, se succédèrent à Covent Garden, on relève le nom d'André Messager, compositeur et chef d'orchestre, ainsi que celui de Hans Richter, collaborateur de Wagner, dont il donne la Tétralogie en 1908, cette fois en langue anglaise. Inaugurant les saisons de printemps et d'automne, Thomas Beecham leur succède et offre les premières anglaises des opéras de Richard Strauss.

La Première Guerre mondiale suspend les activités du théâtre mais non celles du grand chef anglais autour duquel se forme la Beecham Opera Company, formée de chanteurs britanniques au service des opéras de Mozart, de Wagner, de Verdi, comme des œuvres contemporaines ou du répertoire russe. Cette compagnie, dissoute et remodelée en British National Opera Company, fera revivre Covent Garden de 1922 à 1924. Les saisons suivantes brilleront d'un éclat tout particulier avec l'arrivée de Bruno Walter, et du gotha des chanteurs straussiens et wagnériens, de Lotte Lehmann et Frida Leider à Elisabeth Schumann, de Lauritz Melchior à Herbert Janssen ou Alexander Kipnis. Les années 1930, marquées par le retour de Beecham côtoyant Wilhelm Furtwängler, Felix Weingartner, Fritz Reiner et Karl Böhm, ne seront pas en reste. Mozart bénéficiera du concours des Tiana Lemnitz, Erna Berger[...]

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Écrit par

  • : critique musical, agrégé de lettres modernes

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Médias

Entracte à Covent Garden - crédits : Kurt Hutton/ Picture Post/ Hulton Archive/ Getty Images

Entracte à Covent Garden

Joan Sutherland - crédits : Jimmy Sime/ Getty Images

Joan Sutherland

Jon Vickers - crédits : Suzanne Fournier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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