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ROCHECHOUART CRATÈRE DE

Roche avec cônes de percussion - crédits : Association Pierre de Lune

Roche avec cônes de percussion

Le seul cratère d'impact météoritique, ou astroblème, bien attesté en France est celui qui se trouve aux alentours de la ville de Rochechouart (Haute-Vienne), à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Limoges. D'un diamètre actuel de 20 à 25 kilomètres, il se trouve à cheval sur les départements de la Haute-Vienne et de la Charente. Complètement aplani par l'érosion, il n'est plus visible dans la topographie. La présence près de Rochechouart de roches très particulières, utilisées pour la construction des bâtiments de cette région, est connue depuis le xixe siècle, mais leur origine est longtemps restée mystérieuse. L'origine météoritique a été proposée en 1967 par François Kraut (1907-1983), géologue et minéralogiste français d'origine hongroise. Elle se fonde sur l'observation de roches broyées (brèches d'impact) et fondues, qui se forment lors de l'impact de grosses météorites, ainsi que de structures coniques striées. Ces dernières, encore appelées cônes de percussion (shatter cones), sont visibles dans le soubassement formé de roches anciennes et résultent des énormes pressions engendrées par la collision. Suivant l'interprétation actuelle, le cratère, dont le diamètre d'origine aurait été proche de 40 à 50 kilomètres, a été formé par l'impact d'une météorite mesurant environ 2 kilomètres de diamètre et pesant quelque 6 milliards de tonnes. La collision aurait libéré une énergie équivalente à plus de 200 000 mégatonnes de TNT, ce qui a probablement anéanti toute vie dans un rayon de 200 kilomètres.

Comme souvent dans le cas des cratères météoritiques, la question de l'âge de l'impact de Rochechouart (appelé aussi impact de Rochechouart-Chassenon) a fait l'objet d'estimations différentes, allant du Trias moyen (de — 245 Ma à — 235 Ma) au Jurassique supérieur (de —161 Ma à —145 Ma). En 1997, une datation de brèches d'impact par la méthode radiométrique fondée sur les isotopes de l'argon (40Ar/39Ar) avait donné un âge de 214 ± 8 millions d'années, ce qui indiquait que la collision s'était produite au Carnien (de — 235 Ma à — 228 Ma) ou au Norien (de — 228 Ma à — 204 Ma), deux étages du Trias supérieur. Ce résultat avait donné lieu à une hypothèse intéressante : l'impact de Rochechouart aurait fait partie d'une « chaîne » de collisions de météorites survenues à cette époque, et coïnciderait avec une série de cratères d'âge similaire situés respectivement en Ukraine, en France, au Canada et aux États-Unis.

Une nouvelle datation, réalisée aussi par la méthode 40Ar/39Ar sur des minéraux (feldspaths potassiques) formés lors de l'impact, par une équipe germano-française vient remettre en cause cette hypothèse (M. Schmieder et al., « A Rhaetian 40Ar/39Ar age for the Rochechouart impact structure (France) and implications for the latest Triassic sedimentary record », in Meteoritics & Planetary Science, vol. 45, pp. 1225-1242, 2010). Elle a donné un âge plus récent de 201 ± 2 millions d'années, ce qui place la collision durant le Rhétien, dernier étage du Trias, et très près de la limite Trias-Jurassique, et va à l'encontre de l'hypothèse de la chaîne d'impacts. En revanche, cela pourrait expliquer la présence de dépôts sédimentaires d'âge rhétien, attribués à des tsunamis, signalés en Grande-Bretagne, en Languedoc et peut-être aussi en Italie et en Slovaquie. L'impact de Rochechouart s'est apparemment produit dans une mer peu profonde, sur la marge du Massif central, et aurait pu provoquer une vague de 200 mètres de hauteur dans un rayon de 300 kilomètres, qui aurait encore atteint 40 mètres dans un rayon de 3 000 kilomètres. Un événement d'une telle ampleur pourrait être à l'origine des tsunamites (sédiments déposés par les vagues[...]

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