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CREDIT RATIONING IN MARKETS WITH IMPERFECT INFORMATION, J. Stiglitz et A. Weiss Fiche de lecture

Au début des années 1970 s'est forgée une nouvelle façon d'envisager les relations économiques entre les individus : l'économie de l'information. Un de ses objectifs était d'améliorer la compréhension de phénomènes laissés inexpliqués par la microéconomie traditionnelle, en se fondant sur l'interaction entre les personnes dans un monde où l'accès à l'information est coûteux. Andrew Weiss et particulièrement Joseph Stiglitz (récompensé par le prix Nobel d'économie en 2001 pour ses apports à l'économie de l'information) participent à la construction de ce nouveau courant théorique. En 1981, dans leur article « Credit Rationing in Markets with imperfect information » (Rationnement du crédit sur des marchés en information imparfaite), ils appliquent les concepts de l'économie de l'information à un comportement jusqu'alors peu expliqué : le rationnement par les banques de la demande de crédit émanant des entreprises.

L'asymétrie d'information à l'origine du rationnement du crédit

Pourquoi les banques n'augmentent-elles pas le taux d'intérêt auquel elles prêtent si, au taux proposé, leur offre est inférieure à la demande des entreprises ? La justification envisagée par Stiglitz et Weiss met en avant l'asymétrie d'information qui existe entre la banque et l'entreprise : la banque est supposée incapable de connaître les caractéristiques de l'investissement entrepris par son client ; elle ne peut donc pas ajuster son taux d'intérêt à la nature du projet financé, et elle offre un même taux à toutes les entreprises. Or plusieurs types d'investissements se présentent ; ils procurent la même rentabilité, mais diffèrent par leur risque. Le profit de la banque est alors conditionné par le choix d'investissement du débiteur. Or une divergence d'intérêt existe. Un risque élevé est bénéfique à l'entreprise, dont les gains sont illimités en cas de succès du projet et la responsabilité limitée aux fonds propres en cas d'échec. Par contre, un risque élevé est préjudiciable à la banque : il accroît la probabilité d'un défaut de paiement et n'augmente pas le gain de la banque – limité au montant contractuel de remboursement – en cas de succès.

Les auteurs envisagent deux cas. Ils supposent d'abord que chaque entreprise choisit son investissement avant la signature du contrat de dette, donc avant de connaître le taux d'intérêt. Or, plus le taux est élevé, plus le profit attendu par l'entreprise est faible : pour chaque projet, il existe un niveau de taux au-delà duquel la rentabilité est négative. Ce niveau est d'autant plus élevé que le risque est important puisque le profit de l'entreprise croît avec le risque. Donc, plus une banque propose un taux d'intérêt élevé, plus le risque moyen des projets qu'elle finance est élevé. Cet effet négatif est compensé par un effet positif, lié à l'augmentation des versements dus par les entreprises financées. Il existe donc un niveau de taux qui maximise le profit de la banque, au-delà duquel l'effet négatif l'emporte sur l'effet positif. Si la demande globale de crédit exprimée pour ce taux est supérieure à l'offre de la banque, un rationnement du crédit apparaît.

Dans le second cas, chaque entreprise est supposée choisir son projet après la signature du contrat. Si la banque propose un taux d'intérêt élevé, les entreprises sont incitées à accroître le risque de leur investissement. En effet, les projets les moins risqués ne sont rentables que pour des niveaux faibles de taux d'intérêt, et une augmentation du taux d'intérêt par la banque engendre un accroissement du risque moyen des projets financés. Il existe à nouveau un taux d'intérêt qui maximise le profit de la banque,[...]

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