CRÉDIT
Le crédit interentreprises
Lorsque les entreprises consentent des délais de paiement à leurs clients, elles comptabilisent à l'actif de leur bilan les sommes qui leur sont dues. Ce sont les créances commerciales. Le terme de crédit client est également employé. Lorsque les entreprises se voient accorder des délais de paiement de la part de leurs fournisseurs, elles comptabilisent au passif de leur bilan les sommes qu'elles doivent. Ce sont les dettes commerciales. Le terme de crédit fournisseur est également employé. Le crédit interentreprises est ainsi le résultat d'une série de face-à-face entre les entreprises des différents secteurs d'activité. Le face-à-face entre l'industrie et le commerce est le plus important ; mais il n'est pas le seul. Le crédit interentreprises représente globalement une ressource pour deux secteurs : le commerce de détail et le matériel de transport terrestre. Les autres grands secteurs d'activité sont prêteurs, l'industrie des biens d'équipement et celle des biens intermédiaires étant les plus défavorisées.
Cette forme de crédit est, en France, une composante majeure de financement à court terme des entreprises ; les dettes commerciales y représentent plus de deux fois l'encours des concours bancaires à ces dernières. Les fournisseurs ont pu d'autant plus aisément consentir à leurs clients des délais de paiement, qu'ils avaient largement la possibilité d'escompter leurs traites auprès des banques. La technique du crédit objectif, appelé également crédit « causé », qui consiste à adosser chaque financement sur des échanges déterminés de biens ou de services, ainsi que la division des lignes de crédit entre une pluralité d'établissements, ont facilité le développement par les entreprises des crédits fournisseurs. Ce système est très différent de celui que connaît notamment l'Allemagne, où les relations entre la banque qui prête et l'entreprise qui emprunte sont plus étroites et où le mode de financement à court terme habituel est le crédit global d'exploitation. Il en est de même dans tous les pays d'Europe du Nord. Par rapport au total du bilan des entreprises, les créances et les dettes commerciales atteignent entre 10 et 15 p. 100 au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas. Elles se situent entre 20 et 30 p. 100 en Italie et en Espagne, la France dépassant cette fourchette.
Ces situations sont relativement stationnaires. Au cours de la décennie de 1980, un faible allongement du délai moyen de paiement, de l'ordre de un ou deux jours, a pu être observé.
Une réflexion est engagée en France sur les moyens de réduire les délais de paiement entre entreprises. L'action envisagée s'appuie sur les principes suivants. Le problème des délais de paiement ne saurait être traité de manière simpliste. La démarche à entreprendre doit être collective. Elle consistera à organiser le cadre des échanges et non pas à réglementer le contenu et les délais eux-mêmes. Des accords entre professions définiront les délais de paiement, plus réduits qu'actuellement, considérés comme normaux. Un paiement anticipé bénéficiera d'un escompte, un paiement retardé supportera des agios, les deux étant matérialisés sur la facture. Le processus engagé en France devrait être relayé au niveau de la Communauté européenne.
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Écrit par
- Jean-Jacques BURGARD : inspecteur général des Finances, délégué général de l'Association française des banques.
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Médias
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