CRÈTE ANTIQUE
L'apogée de la civilisation minoenne (env. 1700-1450)
Une « ère nouvelle », selon l'expression d'Evans, commence à partir de 1700. Elle se caractérise par une unification culturelle, et peut-être politique, de l'île avec une prédominance de Cnossos, par une splendeur inégalée des arts palatiaux dont l'influence sur l'art de Mycènes sera considérable, et par l'expansion de la puissance minoenne dans le bassin égéen. Les palais minoens reçoivent vers 1600, au début du Minoen récent, leur forme architecturale presque définitive et présentent un même type d'organisation. Non fortifiés, ils forment une masse monumentale compacte, composée de « quartiers » accolés autour d'une cour centrale où aboutissent les voies d'accès. Au rez-de-chaussée, on distingue assez nettement les différents blocs fonctionnels (quartiers résidentiels, d'apparat, magasins, communs) et les formes typiques de l'architecture palatiale (pièces ouvrant sur plusieurs côtés par des baies multiples que séparent des piliers, dites polythyron ; puits de lumière, bassins lustraux, salles hypostyles) ; l'aile ouest, la plus imposante, aligne sanctuaires et pièces d'apparat sur la cour centrale. L'étage comportait certaines des pièces les plus importantes : halls de réception, bureaux administratifs. Le caractère monumental de cette architecture, que montrent le mieux les façades ouest de Cnossos, de Phaistos ou de Malia, est accentué par l'utilisation de matériaux tels que le gypse ou l'albâtre, le jeu des colonnes ou des piliers, la richesse des couleurs et du décor de fresques. Tous ces éléments se retrouvent dans les grandes résidences de l'époque : « petits palais » (Cnossos, Gournia), riches maisons urbaines ou grandes « villas » (Haghia Triada, Tylissos), demeures de membres de la famille royale, d'officiers ou de gouverneurs locaux.
L'art de la fresque, qui semble utiliser la technique du buon fresco, est connu surtout à Cnossos (Cueilleur de safran, Oiseau bleu) ; il se répand très vite en Crète dès le début du xvie siècle, mais aussi dans les Cyclades, à Théra, dont les ensembles exceptionnels et bien datés servent aujourd'hui de point de référence, à Milo ou à Kéa. L'influence des fresques sur les peintres de vases est nettement visible : généralisation d'un décor en sombre sur clair, développement de motifs naturalistes végétaux à partir de 1600 et d'un « style marin » après 1500. Les arts du relief atteignent dans les ateliers de Cnossos, à cette époque, leur perfection, avec les rhytons de pierre en forme de têtes animales ou de coquillages et la série des vases à décor sculpté – scènes religieuses et représentations de style marin – dont les exemplaires les mieux conservés proviennent de la villa d'Haghia Triada (vase des Moissonneurs, gobelet du Chef, rhyton des Boxeurs), des palais de Zakro (rhyton du Sanctuaire de sommet) et de Malia (Triton aux génies). L'art des ivoires sculptés, en ronde bosse (« Acrobate » de Cnossos et « Kouros » de Palaikastro) ou en relief, se développe aussi à cette époque. En glyptique, les grandes bagues-cachets en métal précieux, ornées souvent de scènes religieuses, comme celle de la tombe d'Isopata, fournissent le meilleur exemple d'un style « monumental » inspiré à la fois par les fresques et par les vases de pierre sculptés. D'autres sceaux, en pierres dures semi-précieuses, montrent, à côté de multiples scènes animales, des compositions plus complexes, comme celle qui a été retrouvée sur une empreinte de La Canée représentant le « maître de la Ville ». De nombreuses figurines d'adorants en bronze ont été retrouvées dans les sanctuaires, les palais ou les villas. Ces produits des ateliers palatiaux témoignent de l'importance accrue des cérémonies rituelles dans la religion officielle.[...]
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Écrit par
- Jean-Claude POURSAT : professeur émérite à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
Classification
Médias
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