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CRIA CUERVOS, film de Carlos Saura

Cria Cuervos est le dixième long-métrage de Carlos Saura, mais c'est le film qui l'a fait connaître en France. Jusqu'en 1976, le cinéma espagnol n'est distribué à Paris que de manière très confidentielle. Le premier long-métrage de Saura, Los Golfos (1959), version personnelle de Los Olvidados (1950) de Luis Buñuel, d'inspiration néo-réaliste, est resté longtemps inédit sur les écrans français. Ses films suivants ne remportent qu'un succès d'estime, malgré la présence de Géraldine Chaplin dans la trilogie de la famille : Le Jardin des délices (El Jardín de las delicias, 1970), Anna et les loups (Ana y los lobos, 1972) et La Cousine angélique (La Prima Angélica, 1973).

Cria Cuervos a été sélectionné pour l'oscar du meilleur film étranger en 1976 et a obtenu le prix spécial du jury au festival de Cannes.

La mort de Franco, en 1975, entraîne une période d'effervescence dans le cinéma espagnol de la Movida ; cette période permettra à Saura de mieux faire connaître ses films ultérieurs au-delà des Pyrénées. Sa version de Carmen, chorégraphiée par Antonio Gadès, aura un succès international indiscutable en 1983. Cria Cuervos est le premier film dont il écrit seul le scénario.

Les douleurs de l'enfance

Un album de famille nous fait découvrir des photos d'une fillette à différents âges de sa vie, avec ses sœurs et sa mère. Les photos sont légendées.

Une petite fille de neuf ans, Ana, est réveillée dans une grande maison bourgeoise de Madrid par des cris et des soupirs. Elle descend lentement l'escalier et surprend une femme qui sort précipitamment de la chambre de son père. Celui-ci vient de mourir brutalement. La fillette a deux sœurs, l'une plus âgée (Irène), l'autre plus jeune (Juana). Elles vivent avec une servante très maternante, dévouée et bavarde, Rosa, une grand-mère paralysée et muette, et une jeune tante, Paulina, sœur de la mère, morte d'un cancer. Les enfants sont donc orphelines. Le père était un officier du régime franquiste qui se querellait souvent avec sa jeune femme, ancienne pianiste virtuose. Ana sourit rarement, même s'il lui arrive de jouer à cache-cache avec ses sœurs. Elle vit dans ses souvenirs et ses fantasmes. Grâce à une poudre mystérieuse, Ana va croire qu'elle a le pouvoir de faire mourir les adultes. Elle a souvent des crises de somnambulisme et voit apparaître sa mère comme si elle était encore là. Elle va souvent chercher dans le réfrigérateur des feuilles de salade qu'elle offre à son cochon d'Inde. Paulina tente d'éduquer ses trois nièces et de remplacer sa sœur. Elle emmène les fillettes dans une propriété à la campagne chez des amis. Au retour d'une promenade, Anna surprend sa tante enlacée avec un ami de son père, Nicolas, dont la femme, Amélia, était celle qui était sortie de la chambre du père.

Parfois, Ana, devenue adulte, véritable sosie de sa mère, évoque son enfance en s'adressant directement au spectateur.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Autres références

  • SAURA CARLOS (1932-2023)

    • Écrit par
    • 1 122 mots
    • 2 médias

    Le réalisateur espagnol Carlos Saura, qui a souvent filmé des maisons isolées, vivait depuis longtemps dans une grande propriété située à Collado Mediano, dans la sierra de Guadarrama (au nord-ouest de Madrid), où il accumulait et réparait d’innombrables appareils photographiques. Cet expérimentateur...