CRIMINALITÉ
Tendances des criminalités
La rationalisation par l'O.N.D. des outils de comptabilité traditionnels de la police et de la gendarmerie a permis d'apprendre à raisonner sur quatre « agrégats » de faits contentieux : les atteintes aux biens, les atteintes volontaires à l'intégrité physique, les escroqueries et les infractions financières (criminalité « réactive ») sont désormais clairement démarquées de l'agrégat des infractions révélées par la seule action des services, autrement dit de la criminalité sans victime (« criminalité proactive ») : par exemple la constellation des infractions liées aux législations sur les stupéfiants ou sur les étrangers.
Puisqu'un croisement peut désormais s'établir entre les trois premiers agrégats impliquant des auteurs et des victimes et l'apport des « enquêtes de victimes », qu'a-t-on appris relativement aux tendances générales de ces criminalités ?
Reflux des délinquances d'appropriation de biens
S'agissant des « atteintes aux biens », l'O.N.D. montre une progression de la baisse générale des vols s'inscrivant dans une tendance structurelle, même si depuis 2005, une hausse significative des actes de destructions et de dégradations a pu être identifiée. Sur ce type de contentieux, après une période d'envolée des délinquances d'appropriation sur 25 années (1960-1985), la situation s'est stabilisée à partir de 1985, année où s'amorce une première baisse des « cambriolages ». Cette chute spectaculaire est globalement liée à la pénétration dans le corps social des techniques de la prévention situationnelle : les « gens » auraient appris à mieux protéger leurs biens.
Croissances des atteintes aux personnes
S'agissant des « atteintes à l'intégrité physique des personnes », l'O.N.D. a montré comment elles s'inscrivent dans une tendance à l'élévation générale depuis l'année 1999.
Les sociologues expliquent de leur côté que les victimes montrent de plus en plus souvent une extrême sensibilité aux « atteintes au corps » ; ils ont longtemps plaidé pour exclure méthodologiquement de l'agrégat policier « les agressions sans contact physique », invitant à y inclure au contraire les « injures, menaces et attitudes agressives », unanimement ressenties par les victimes comme des formes d'atteintes à l'identité individuelle, ce qui a eu pour effet de mieux rationaliser cet agrégat à l'O.N.D.
Sur l'ensemble des « agressions », la proportion des gens se déclarant victimes d'une violence quelconque aurait, d'après les sociologues, quasi doublé de 1984 à 2001 ; les « violences physiques simples » n'auraient pas connu de variations statistiquement significatives (2 à 3 p. 100), non plus que les violences physiques caractérisées (entraînant des interruptions temporaires de travail supérieures à 8 jours) ; en revanche, les « violences verbales » ont connu un accroissement continu.
L'enjeu des actes réitératifs
Sur la même période, on aurait par ailleurs assisté à une croissance de 50 p. 100 de la multivictimation (cas de personnes agressées plus d'une fois). Cette croissance de l'incidence des violences serait largement imputable à la multiplication des agressions verbales, beaucoup moins à celle des violences physiques, un phénomène qui tiendrait à la fois à un élargissement du périmètre de la population touchée et à une intensification du nombre des faits. La croissance du nombre des violences physiques tiendrait, quant à elle, à une augmentation du nombre de faits sans que le périmètre de la population atteinte se soit élargi. Quant aux « violences physiques caractérisées », les années 1985-1994 auraient plutôt connu un élargissement du périmètre des personnes touchées et une croissance du phénomène de victimation multiple,[...]
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Écrit par
- Frédéric OCQUETEAU : directeur de recherche au C.N.R.S. (Centre d'études et de recherches en science administrative)
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