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CRISE ASIATIQUE

Depuis la fin des années 1970, quatre pays de l'Asie émergente, la Corée du Sud, l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande, affichaient de solides performances économiques et des finances publiques globalement saines, jusqu'à ce que les premiers signes d'une détérioration se manifestent, en 1996, avec le tassement de leurs exportations. La Thaïlande est la première, en juillet 1997, à devoir dévaluer sa monnaie, le bath, jusqu'alors ancrée sur la devise américaine, bientôt suivie par les autres pays, qui verront leurs monnaies se déprécier de manière fulgurante pour des raisons similaires : ils ont en commun d'avoir enregistré un afflux croissant de capitaux à court terme, attirés par la fausse sécurité d'un taux de change fixe avec le dollar et la vigueur de leur croissance. Comme dans toute phase d'expansion, les prix des actions et de l'immobilier sont montés en flèche, attirant encore plus de capitaux spéculatifs à court terme.

Mais l'allocation intérieure de ces ressources étrangères a été inefficace, en raison de la fragilité et du manque de supervision des systèmes bancaires, de la mauvaise distribution des crédits bancaires et de la collusion entre intérêts publics et privés. La montée des créances douteuses a suscité la défiance des investisseurs qui, dès lors, ont cherché à réorienter leurs fonds vers des placements plus sûrs (flight to quality). La fuite des capitaux étrangers entraîne l'effondrement du système financier, incapable de faire face aux demandes de remboursement de crédit par les banques étrangères. Pour enrayer le dérapage des taux de change, les autorités relèvent les taux d'intérêt ; un resserrement du crédit s'ensuit, qui affecte à son tour le système productif.

La Thaïlande, l'Indonésie et la Corée du Sud seront obligées d'accepter les programmes d'ajustement structurel du Fonds monétaire international dont la mise en œuvre est douloureuse et lourde de conséquences sociales. La Malaisie, quant à elle, refusera l'assistance du F.M.I. pour lui préférer la solution du protectionnisme.

L'endiguement de la crise asiatique aura sollicité une intervention financière internationale massive. La question demeure toutefois de savoir si les réformes structurelles (amélioration du gouvernement d'entreprise, de la transparence comptable, de la supervision prudentielle des banques, etc.), exigées en contrepartie, seront menées à leur terme.

— Marie-France BAUD-BABIC

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