CRISE DE LA DETTE DES P.V.D.
En août 1982, le Mexique se trouve dans l'impossibilité de faire face à ses engagements financiers, notamment vis-à-vis de banques commerciales américaines, telles que la Chase Manhattan Bank et la City Bank. Déclarer le pays en état de cessation de paiement revenait à déclarer plusieurs établissements bancaires internationaux en faillite virtuelle. Dès lors, la crise de l'endettement des pays en développement commence. Elle prend des proportions inattendues car une spirale infernale s'est enclenchée pour les pays en voie de développement (P.V.D.). En 1979, à la suite d'un changement radical de la politique monétaire, la Réserve fédérale américaine avait décidé d'augmenter subitement les taux d'intérêt américains afin de réorienter les flux d'investissement vers les États-Unis. Les taux d'intérêt réels (taux nominaux corrigés de l'inflation) passeront d'un niveau réel de — 3,5 p. 100 dans les années 1970-1980 à + 27 p. 100 en 1982. La situation s'aggrave pour les P.V.D. en raison du tassement du commerce extérieur et donc de la baisse de leurs revenus d'exportation et des entrées de devises permettant de rembourser les dettes. À cela s'ajoutent d'autres facteurs d'appauvrissement en devises (hausse du prix du pétrole, fuite des capitaux, corruption) alors que les taux d'intérêt explosent et font gonfler les stocks de dettes : entre 1977 et 1984, selon les statistiques de l'Organisation de coopération et de développement économiques (O.C.D.E.), l'endettement extérieur de l'ensemble des P.V.D. non producteurs de pétrole passe de 278 à 810 milliards de dollars. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale interviennent, mais il n'est question alors ni d'annuler ni de réduire les dettes : elles sont rééchelonnées dans le temps, grâce à des mécanismes innovants de restructurations, tel le plan lancé en 1989 par le secrétaire d'État au Trésor américain Nicholas Brady : les institutions internationales et les gouvernements prêtent de l'argent aux pays endettés pour leur permettre de racheter les créances dévalorisées que les banques commerciales cèdent sur le marché secondaire avec une forte décote. Le Mexique sera le premier pays à en bénéficier.
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Écrit par
- Marie-France BAUD-BABIC : secrétaire générale adjointe de Confrontation Europe
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