- 1. Les quatre phases de la crise
- 2. La faillite d'un dogme
- 3. La finance moderne prise en défaut
- 4. Une crise du capitalisme financier
- 5. Les racines sociales de la crise
- 6. Un mode de développement écologiquement non soutenable
- 7. Une crise géopolitique
- 8. Quelles voies de sortie de crise ?
- 9. Bibliographie
CRISE DES SUBPRIMES
Une crise géopolitique
« Last, but not least », la crise en cours a également une dimension géopolitique majeure. En effet, les graves soubresauts qui se produisent depuis 2007 ont conduit à un affaiblissement des économies les plus riches, et en particulier des États-Unis, relativement aux grands pays émergents – Brésil, Russie, Inde, Chine, désignés couramment par l'abréviation B.R.I.C., dont la montée en puissance est spectaculaire en ce début de xxie siècle. Mais, en même temps, ces deux groupes de pays se trouvent étroitement liés les uns aux autres. Comme on l'a vu, c'est la consommation des ménages américains qui a largement tiré la croissance des pays émergents. Et ce sont ces derniers pays qui ont financé le déficit extérieur des États-Unis. La faiblesse de l'épargne des ménages américains a été compensée par le niveau élevé, et en partie contraint, de l'épargne des pays asiatiques. La relation complémentaire États-Unis - Chine, la ChinAmerica, a fait système depuis le début des années 2000. Mais la crise des subprimes et ses prolongements dans les pays de la périphérie ne remettent-ils pas en cause les fondements financiers et macroéconomiques de ces relations internationales ? Les déclarations des dirigeants chinois, inquiets pour la valeur future de leurs créances sur les États-Unis, à la veille du sommet du G20 de Londres du 2 avril 2009, reflètent ces tensions internationales d'un genre nouveau. La crise apparaît ainsi comme un révélateur des insuffisances du système de gouvernance mondiale, construit dans l'après-guerre sous la domination des États-Unis – dont les deux piliers principaux sont les Nations unies et le Fonds monétaire international –, et qui n'est plus adapté aux nouveaux rapports de force internationaux. Il n'est pas sûr que l'entrée en lice du G20 en 2008, au début de la crise, soit la meilleure solution pour refonder la gouvernance de la planète, ainsi que le montre l'incapacité où se trouve ce club des États les plus puissants de promouvoir une réforme pourtant nécessaire du système financier international.
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
Classification
Média