- 1. Les quatre phases de la crise
- 2. La faillite d'un dogme
- 3. La finance moderne prise en défaut
- 4. Une crise du capitalisme financier
- 5. Les racines sociales de la crise
- 6. Un mode de développement écologiquement non soutenable
- 7. Une crise géopolitique
- 8. Quelles voies de sortie de crise ?
- 9. Bibliographie
CRISE DES SUBPRIMES
Quelles voies de sortie de crise ?
La sortie de crise et l'avenir de l'économie mondiale dépendront largement des réformes et des politiques qui seront mises en œuvre. De ce point de vue, l'expérience historique est riche d'enseignements. Les économistes s'accordent en effet pour considérer que la crise qui a débuté en 2007 est la plus profonde depuis celle de 1929. Une comparaison avec les politiques menées après la grande dépression de 1929 est instructive. Pour lutter contre la crise, l'administration Roosevelt a mis en œuvre une politique ambitieuse fondée sur des réformes radicales de 1933 à 1938, le New Deal. Trois séries de réformes méritent d'être mentionnées. Tout d'abord, le New Deal a pris la forme d'investissements publics de grande ampleur, notamment dans le domaine de l'énergie, avec un vaste programme de construction de barrages (notamment la création de la Tennessee Valley Authority qui construisit toute une série de barrages hydroélectriques dans sept États. Ensuite, un contrôle strict du système bancaire et financier a été mis en œuvre avec le Banking Act et le Steagal Act de 1933, qui a abouti au démantèlement des grandes banques en séparant les banques de dépôts des banques d'investissement. Enfin, une réforme fiscale a été décidée aux fins de réduire les inégalités de revenus, dont on a vu qu'elles étaient une des racines de la crise en 1929, comme en 2007. Roosevelt a en effet mis en place un impôt sur les revenus fortement progressif qui a largement contribué à ce que les économistes américains ont appelé « la grande compression » des inégalités de revenus. Les trois domaines stratégiques des réformes du New Deal qui viennent d'être mentionnés – finance, énergie, fiscalité – devraient également être les axes prioritaires des politiques de sortie de la crise des subprimes.
En ce qui concerne le système financier, une réforme profonde apparaît indispensable pour réduire le risque de crises futures. Cette réforme de la finance est la priorité affichée par le G20, au début de la crise. L'un des grands dangers pour le système financier international est constitué par les grands groupes bancaires dits « systémiques » – au nombre de vingt-neuf et dont quatre sont français –, dont la faillite peut déstabiliser le système financier international, comme l'a montré la défaillance de Lehman Brothers en septembre 2009. Les réformes décidées dans les principaux pays du G20, notamment le Dodd & Frank Act voté aux États-Unis en juillet 2010 et la loi de séparation et de régulation des activités bancaires votée en juin 2013 en France, sont d'une grande prudence et ne s'attaquent pas au pouvoir des grandes banques. Aucun pays n'a décidé de démanteler les grands conglomérats financiers pour séparer la banque de détail de la banque d'investissement, à la différence des mesures décidées par Roosevelt en 1933 et supprimées par le président Clinton en 1999. Le pouvoir considérable du lobbying financier fait barrage à toute réforme financière permettant de contrôler la finance pour la mettre au service de l'intérêt général.
Dans le domaine de l'énergie, l'un des grands défis est de réduire le réchauffement climatique par une réduction des gaz à effet de serre émis par les énergies fossiles. Des investissements considérables sont nécessaires pour développer des sources d'énergie alternatives non polluantes. Les négociations internationales organisées par les Nations unies (Copenhague en 2009, Cancún en 2010 et Durban en 2011) n'ont pas permis d'aboutir à un accord contraignant pour les pays industrialisés conduisant à répartir équitablement entre les pays du Nord et du Sud les efforts d'investissement qui permettraient de réduire les émissions des gaz à effet de serre et de maintenir le réchauffement climatique[...]
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
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Média