CRISE DU S.M.E.
Le 16 septembre 1992 s'ouvre la crise du système monétaire européen (S.M.E.). C'est un mercredi noir : la livre, la lire et la peseta crèvent le taux plancher des marges de fluctuations définies. La livre sterling est chassée du mécanisme par la spéculation, la lire subit le même sort le 17 septembre et la peseta est dévaluée. Cette crise tient à la conjugaison de facteurs politiques et économiques. Le non des Danois (2 juin) au traité de Maastricht et l'approbation si courte des Français lors du référendum du 20 septembre ont porté atteinte à la crédibilité de l'intégration européenne. En outre, le S.M.E. se trouve alors dans une configuration très instable, entre réajustements possibles – et souhaitables – de parités et parités irrémédiablement fixées. La crise permet d'effectuer les rattrapages de compétitivité-prix en corrigeant la surévaluation de certaines devises mais, dès la fin de juillet 1993, les attaques contre le franc français se multiplient. Elles s'expliquent non pas, comme à l'accoutumée, par une dégradation des fondamentaux traditionnels (inflation, déficit public, solde extérieur), mais par des interrogations sur la « soutenabilité » de la politique menée par Paris, eu égard à la dégradation de la situation de l'emploi. Un nouveau dispositif est mis en place par les ministres des Finances des Douze qui élargissent considérablement les marges de fluctuation, à 15 p. 100, dans un sens comme dans l'autre, pour mettre fin aux attaques spéculatives qui ont fait plonger toutes les monnaies par rapport au deutsche Mark. La faisabilité de l'Union économique et monétaire est alors mise en doute, mais les turbulences monétaires ne feront que renforcer la détermination politique des États membres à mener à bien leur projet d'union.
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Écrit par
- Marie-France BAUD-BABIC : secrétaire générale adjointe de Confrontation Europe
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