CRISES D'ACCÈS À L'ALIMENTATION
Prévenir et lutter contre les crises d’accès à l’alimentation
Pour tenter d’empêcher l’apparition des crises alimentaires et pour les stopper quand elles adviennent, des dispositifs ont été mis en place à l’échelle internationale et dans différents pays.
Systèmes d’alerte précoce
À la suite des crises alimentaires qui ont sévi en Afrique sahélienne au début des années 1970, le Système mondial d’information et d’alerte rapide sur l’alimentation et l’agriculture (SMIAR) a été instauré sous l’égide de la FAO, en 1975. Puis, en réaction aux famines qui ont frappé l’Éthiopie et le Lesotho au début des années 1980, l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID pour United States Agency for International Development) a mis en place, en 1985, le réseau international d’alerte précoce sur les famines (FEWS NET pour Famine Early Warning Systems Network). Ces deux structures internationales travaillent en relation avec des systèmes d’alerte régionaux et nationaux. Leur rôle consiste à collecter des données, les analyser et diffuser des informations sous forme de rapports, de cartes et de bulletins d’alerte en cas de situation dangereuse. Elles utilisent à la fois des données issues de la télédétection et des renseignements provenant d’enquêtes de terrain. Les informations récoltées portent sur les perspectives de récolte (données météorologiques, disponibilités en eau, santé des cultures vivrières), sur les marchés de denrées vivrières (évolution des prix), sur les conflits existants et sur les comportements des populations dans les zones à risques. En effet, quand elles sont confrontées à des difficultés alimentaires, les personnes tentent bien sûr de s’adapter : elles modifient la composition des repas (aliments moins chers, recours à la cueillette, la chasse ou la pêche, là où c’est possible), diminuent les rations alimentaires et réduisent les autres dépenses essentielles (santé), recherchent des sources de revenus inhabituelles, en émigrant temporairement le cas échéant, et utilisent leur épargne (vente de bétail, de bijoux). Dans les situations plus graves, elles peuvent être contraintes d’emprunter de l’argent, de consommer des récoltes avant maturité ou de vendre des biens de production tels que la terre. Tous ces changements de comportement sont autant de signes de l’émergence d’une crise alimentaire, et les systèmes d’alerte sophistiqués en tiennent compte. Ces derniers fournissent aussi des analyses des causes des problèmes alimentaires, de manière à informer ceux qui conçoivent les actions à mener.
Réponses à des insuffisances de disponibilités
Quand l’analyse des causes d’une crise d’accès à l’alimentation révèle une insuffisance des disponibilités au regard des besoins de la population, l’apport de denrées vivrières en provenance d’autres régions est nécessaire. Si le pays concerné est structurellement exportateur de ces denrées, il peut restreindre, voire interdire, ses exportations. S’il est importateur, il peut acheter davantage sur les marchés internationaux. Cependant, les délais d’importation peuvent être trop longs pour résoudre la crise alimentaire. De plus, si le pays est structurellement un gros importateur, l’accroissement de ses achats peut conduire à une flambée des prix sur les marchés internationaux. Dans ces deux cas, disposer de stocks de réserve publics et y puiser les quantités nécessaires est certainement la meilleure solution. Le recours à des stocks publics est encore plus nécessaire quand les denrées vivrières de base dans la région en crise ne font pas l’objet de commerce international, par exemple le mil et le sorgho. Il faut noter cependant que la question des stocks publics a été très controversée dans les négociations sur l’agriculture à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’Inde en particulier était favorable à de tels stocks, tandis que[...]
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Écrit par
- Laurence ROUDART : professeure en sciences de la population et du développement, spécialisée dans les questions agricoles et alimentaires à l'Université libre de Bruxelles (Belgique)
Classification
Médias