- 1. À l'origine des crises, un petit nombre de mécanismes
- 2. L'ampleur des crises : le rôle décisif du système bancaire et de la dette
- 3. La crise des dettes souveraines dans la zone euro
- 4. Les innovations au centre des crises
- 5. Le rôle stratégique des politiques économiques
- 6. Le recours à des politiques interventionnistes à rebours de l’orthodoxie néolibérale
- 7. Le retour du piège de la dette publique
- 8. La mondialisation du xxie siècle, source d’instabilité économique
- 9. Bibliographie
CRISES ÉCONOMIQUES AU TOURNANT DU XXIe SIÈCLE
L'ampleur des crises : le rôle décisif du système bancaire et de la dette
Toutes les crises n'ont pas le même degré de gravité. Selon certains travaux, leur profondeur dépendrait de quatre séries de facteurs :
– la robustesse du système bancaire ;
– l'accumulation de dettes publiques et privées ;
– les innovations financières ;
– les politiques économiques menées par les autorités publiques.
On constate en effet que les crises financières sont d'autant plus profondes que tous les risques tendent à se concentrer sur les banques, cette situation remettant en cause la continuité du système des paiements et des relations de crédit. Si les krachs boursiers de 1987 et de 2001 n'ont pas dégénéré en crises profondes et durables aux États-Unis et en Europe, c'est qu'alors leurs systèmes bancaires n'ont pas été déstabilisés par la chute brutale des cours boursiers. En revanche, le Japon a connu une déflation durable dans les années 1990, les banques nippones ayant été fragilisées par des prises de risque excessives sur les marchés immobiliers et boursiers, en proie à des bulles spéculatives. De même, la gravité de la crise financière internationale, qui a débuté sur le marché immobilier des États-Unis en 2007, pour s'étendre ensuite en Europe et au Japon, s'explique largement par la fragilisation des grandes banques de ces pays au moment de l'effondrement de la bulle immobilière. Comme elles avaient spéculé sur les subprimes (titres représentant les crédits immobiliers américains à haut risque), elles ont alors accumulé des pertes considérables qui les ont mises en situation de défaillance.
Ce sont également les difficultés rencontrées par les banques des pays nouvellement ouverts à la finance internationale libéralisée, les « marchés émergents », qui ont provoqué les désordres financiers des années 1990. Un grand nombre de travaux ont montré que les crises financières des pays émergents étaient des « crises jumelles », c'est-à-dire qu'elles ont été provoquées par un effondrement simultané du taux de change et du système bancaire. Les banques des pays en développement deviennent en effet très vulnérables dès lors qu'elles s’endettent sur les marchés internationaux. Leur dette est libellée en monnaie étrangère (en dollar, le plus souvent), et les banques sont soumises aux variations aléatoires des taux de change, qui peuvent aggraver brutalement le coût de leur dette. Ainsi s'expliquent les nombreuses faillites bancaires qu'ont connues les pays émergents, où ces « crises jumelles » ont eu un coût social et économique considérable, atteignant jusqu'à 15 % de leur PIB.
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
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Médias