- 1. À l'origine des crises, un petit nombre de mécanismes
- 2. L'ampleur des crises : le rôle décisif du système bancaire et de la dette
- 3. La crise des dettes souveraines dans la zone euro
- 4. Les innovations au centre des crises
- 5. Le rôle stratégique des politiques économiques
- 6. Le recours à des politiques interventionnistes à rebours de l’orthodoxie néolibérale
- 7. Le retour du piège de la dette publique
- 8. La mondialisation du xxie siècle, source d’instabilité économique
- 9. Bibliographie
CRISES ÉCONOMIQUES AU TOURNANT DU XXIe SIÈCLE
Le rôle stratégique des politiques économiques
Il est tentant de comparer la crise financière qui a débuté sur le marché immobilier américain en 2007 à la grande crise des années 1930. Il existe en effet au moins deux analogies entre ces deux événements : tout d'abord, la nature systémique des deux crises qui ont profondément ébranlé les économies développées (à commencer par les États-Unis) ; en second lieu, l'origine de ces deux crises, toutes deux conséquences directes de politiques économiques d'inspiration libérale, fondées sur la croyance en une supériorité du laissez-faire et de l'autorégulation des marchés sur les politiques publiques. Le président américain Herbert Hoover ne déclarait-il pas au milieu de la crise des années 1930 : « Prosperityisaround the corner... » ?
Toutefois, les crises financières ne se répètent pas à l'identique. Une différence fondamentale entre les crises de 1929 et de 2007 tient dans le rôle des banques centrales et des politiques monétaires. Il est bien connu qu'une des causes aggravantes de la crise de 1929 a été la politique choisie par la Fed (Banque centrale des États-Unis), qui a refusé de venir en aide aux banques en difficulté, ce qui a précipité les faillites bancaires et industrielles et aggravé la chute des prix et de l'activité (déflation). Les banquiers centraux ont tiré les leçons de cet épisode malheureux. C'est ainsi que, lorsque la crise des subprimes s'est déclenchée en juillet 2007, les banques centrales de la Triade (États-Unis, Europe, Japon) sont intervenues activement pour aider les banques piégées par la crise en leur prêtant massivement. Mais ces interventions furent à double tranchant... D’un côté, elles ont permis d'éviter un effondrement à court terme des systèmes bancaires, ce qui est un progrès par rapport à la crise de 1929. D’un autre côté, en prêtant massivement aux banques, pour éviter leur effondrement, les banques centrales ont favorisé le financement de nouvelles opérations spéculatives, notamment sur les marchés des matières premières dont les prix se sont envolés en 2008. Contribuant ainsi à l'éclosion d'une nouvelle bulle spéculative, les banques centrales ont alors joué à la fois le rôle de pompiers et de pyromanes !
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
Classification
Médias