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CRISES ÉCONOMIQUES AU TOURNANT DU XXIe SIÈCLE

Le retour du piège de la dette publique

L’une des conséquences des politiques « interventionnistes » des pouvoirs publics a été la montée rapide des dettes publiques dans un grand nombre de pays. Exprimé en pourcentage du PIB, le poids des dettes publiques est ainsi passé de 60 % à 80 % en moyenne dans l’Union européenne de 2000 à 2023, et de 80 % à 110 % en France. Il a aussi fortement augmenté en Chine où l’État central a dû se substituer aux grandes provinces en proie à une crise immobilière, et aux États-Unis où l’administration du président Biden a mis en place en 2022 un coûteux programme public de soutien à l’économie, l’Inflation Reduction Act, de 369 milliards de dollars.

Les autorités chargées des politiques économiques ont dû faire face à un autre défi à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Cette crise géopolitique s’est notamment traduite par une accélération de l’inflation induite par les fortes perturbations sur les marchés de l’énergie et des matières premières agricoles, dont la Russie et l’Ukraine sont des acteurs importants.

Pour tenter d’enrayer cette vague inflationniste, les banques centrales ont durci leur politique monétaire, entraînant une hausse rapide des taux d’intérêt. Ce changement de cap décidé par les autorités monétaires a eu des effets déstabilisants sur l’économie mondiale. C’est ainsi que la hausse générale des taux d’intérêt, dont la Federal Reserve (Banque centrale) des États-Unis a été l’initiatrice à partir de 2022, a provoqué une crise bancaire grave en 2023, avec la faillite de banques régionales états-uniennes, telles que la Silicon Valley Bank, qui s’est propagée en Europe entraînant la faillite de Credit Suisse.

Après avoir cherché à atténuer les effets dépressifs des crises financière et sanitaire de 2007 et 2020, la politique monétaire est devenue procyclique, c’est-à-dire qu’elle a contribué à amplifier le ralentissement économique provoqué par les chocs sanitaire et géopolitique des années 2020 pour lutter contre le retour de l’inflation. Ainsi, la hausse des taux d’intérêt a entraîné une crise du secteur immobilier, notamment en Europe et en Chine.

L’aggravation des déficits et dettes publiques dans de nombreux pays, générée par la nouvelle politique monétaire, a alourdi la charge financière correspondante, ce qui contribue à réduire les marges de manœuvre des gouvernements pour faire face aux défis majeurs auxquels ceux-ci sont confrontés, à commencer par la crise climatique, qui requiert des investissements publics massifs.

Au total, si elles ont permis d’atténuer les chocs causés par les crises successives – financière, sanitaires, géopolitique – depuis 2008, les politiques économiques sont également à l’origine d’une hausse générale des dettes publiques qui pourrait conduire à une nouvelle crise financière internationale en cas de défiance des marchés envers les pays débiteurs.

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Écrit par

  • : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord

Classification

Médias

Distribution de pommes de terre au Pérou dans les années 1980 - crédits : Greg Smith/ Corbis/ Getty Images

Distribution de pommes de terre au Pérou dans les années 1980

Crise économique en Argentine en 2001 - crédits : Paulo Fridman/ Corbis/ Getty Images

Crise économique en Argentine en 2001