CRISES FINANCIÈRES Instabilité financière
L'instabilité financière se manifeste par des mouvements importants et parfois brutaux des variables financières, notamment les cours boursiers et les taux de change. Elle prend la forme de phases haussières (les booms) ou baissières (les dépressions), qui tendent à éloigner d'une manière significative et durable ces variables de leur valeur d'équilibre fondamental. Pour le taux de change, par exemple, cette valeur fondamentale est celle qui assure l'équilibre interne (absence d'inflation) et externe (balance des paiements) du pays émetteur de la monnaie en question. Il convient de bien distinguer l'instabilité financière de la simple volatilité financière ; cette dernière (souvent mesurée par la « variance » des rendements des titres, des taux de change, etc.) décrit les fluctuations temporaires et de faible amplitude des variables financières autour de leur valeur moyenne. Les crises financières traduisent en général une instabilité financière forte. Elles désignent des perturbations sur les marchés bancaires et financiers qui conduisent à la défaillance d'établissements bancaires et financiers, avec un risque de propagation à l'ensemble du système financier – que l'on qualifie de « risque systémique » – de telle sorte qu'est mise en danger l'une au moins des trois fonctions clés du système financier : l'allocation du crédit et des capitaux, la circulation des moyens de paiement et l'évaluation des actifs financiers. Les crises financières sont d’une ampleur variable. Les plus graves, telles celles de 1929 ou de 2008, ont des effets dépressifs importants sur l’activité économique.
L'instabilité financière constitue l'un des traits marquants de l'économie contemporaine. Mais les phénomènes d'instabilité et de crise financières ne sont pas nouveaux. Dans sa passionnante Histoire mondiale de la spéculation financière de 1700 à nos jours (1989), Charles Kindleberger montre que les crises financières sont un éternel recommencement depuis que la finance a commencé à s'organiser dans le monde autour de pays tels que la Hollande, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France. La forme concrète de l'instabilité financière se transforme au cours de l'évolution du capitalisme ; aux xviie et xviiie siècles, celle-ci s'identifie à la crise de la dette des souverains, à la spéculation sur le commerce des bulbes de tulipes à Amsterdam puis sur les actions de la Compagnie des Indes. Au xixe siècle, l'instabilité s'étend aux Bourses de valeurs et prend également la forme de faillites bancaires retentissantes (crise de la Baring anglaise en 1890).
Le xxe siècle et le début du xxie siècle connaissent les trois formes principales de crises financières : les krachs boursiers, les crises de change et les crises bancaires. Les krachs boursiers correspondent à l'éclatement d'une « bulle spéculative ». Ils se caractérisent par un effondrement brutal des cours à la suite d'un mouvement de défiance qui amène la plupart des opérateurs à vendre leurs titres. Les krachs boursiers les plus connus sont ceux de 1929, de 1987, de 2001 (e-krach) et de 2008 (faillite de la banque Lehman Brothers) qui éclatent sur la place financière de New York et se propagent sur les autres places financières. Les crises de change se traduisent par une baisse brutale du cours des monnaies à la suite d'attaques spéculatives. Quant aux crises bancaires, elles prennent la forme de paniques des déposants, se traduisant par des « ruées » aux guichets, et entraînant des faillites bancaires en chaîne. La dernière décennie du xxe siècle a été marquée par des crises bancaires et des crises de change fréquentes, que ce soit en Europe (crise du système monétaire européen de 1992-1993), ou dans les pays émergents d'Asie,[...]
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
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