CRISES FINANCIÈRES Instabilité financière
Les principales formes de l'instabilité financière
Paniques bancaires et crise financière
Pour les économistes de l'école « monétariste », conduite par Milton Friedman, les crises bancaires sont la principale forme de crise financière. Les banques sont en effet des institutions vulnérables : si les déposants perdent confiance dans leur banque, ils demanderont à être remboursés. Pour satisfaire ces demandes de retraits, la banque vend ses actifs, en commençant par les actifs liquides. Elle peut alors devenir insolvable si la valeur de ses actifs moins le montant des dépôts devient inférieure à la valeur de ses fonds propres. Les banques étant endettées les unes par rapport aux autres (financements interbancaires), la défaillance d'une banque individuelle peut affecter un grand nombre de banques par un « effet de dominos ». De plus, les mouvements de panique sont contagieux et peuvent conduire à des « ruées » collectives des déposants : le système bancaire dans son ensemble est menacé, il y a une situation de « risque systémique ». Les paniques deviennent alors « autoréalisatrices » : ce sont les ruées des déposants qui conduisent à la crise du système bancaire. La grande crise des années 1930 aux États-Unis est expliquée selon ce schéma par Milton Friedman et Anna Schwartz (1963).
La défaillance des banques a, en effet, des conséquences considérables et immédiates sur le reste de l'économie. Le système de paiement est bloqué. Les banques connaissent une crise de liquidité : elles rationnent le crédit, refusent de renouveler les prêts anciens, ne souscrivent plus aux émissions de titres et vendent leurs titres dont elles précipitent la chute des cours. Pour les monétaristes, c'est la panique bancaire qui cause le krach boursier, et non l'inverse. Le canal majeur de propagation est la réduction de l'offre de monnaie, avec des effets sur la demande et la production. Les monétaristes assimilent les crises financières aux défaillances bancaires, car ces dernières – en créant un assèchement brutal des liquidités – perturbent le système de paiement qui est au cœur de l'économie de marché.« ».
Les monétaristes ont une vision optimiste des crises financières. En effet, les paniques bancaires peuvent être aisément évitées par l'intervention de la banque centrale en tant que « prêteur en dernier ressort » (cf. infra, La gestion des crises financières) pour financer les banques illiquides et solvables afin d'éviter les mouvements de panique bancaire. La banque centrale est ainsi appelée à jouer un rôle d'« assureur » : sachant que leur banque recevra, en cas de besoin, des liquidités pour financer leurs demandes éventuelles de retraits, les déposants gardent confiance dans le fonctionnement du système de paiement. Selon cette analyse, l'absence d'intervention de la Réserve fédérale comme prêteur en dernier ressort serait à l'origine de la profondeur de la crise financière des années 1930. D'autres économistes, défendant des analyses différentes (Fisher, 1933 ; Minsky, 1982), ont également mis l'accent sur le rôle central du prêteur en dernier ressort dans la gestion des crises. Cette opinion sur le rôle clé des banques centrales lors des crises financières fait désormais consensus. En effet, par leurs financements massifs accordés aux banques à partir de 2008, les grandes banques centrales ont contribué à éviter l’effondrement du système bancaire international à la suite de la crise des subprimes. Les banques centrales du xxie siècle ont tiré les leçons des erreurs commises au siècle précédent, en 1929.
Libéralisation financière et crises bancaires
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
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