CRISES FINANCIÈRES Krachs boursiers
Spéculation et escroqueries
Lors des épisodes spéculatifs, les bilans des sociétés souffrent chaque fois de traces d'excès multiples que la crise finira par révéler : excès de valorisation des actifs, d'investissements, de dettes, de capacités de production, de rémunération des dirigeants. La crise mettra au jour également les pratiques comptables frauduleuses. On retrouve dans l'histoire financière de nombreux exemples de scandales et d'escroqueries liés aux épisodes spéculatifs. « La propension à escroquer et à être escroqué évolue de concert avec la propension à spéculer. Les crises sont intimement liées aux transactions qui poussent jusqu'à leur limites – aussi floues soient-elles – la loi et la morale », écrit Charles Kindleberger dans son Histoire mondiale de la spéculation financière (1978), qui consacre un chapitre aux « escroqueries en tout genre ». « Actionnaires victimes de leurs administrateurs, investisseurs floués par leurs conseillers financiers : courtiers, banquiers, employés escroquant leur entreprise. Lors d'un boom, les fortunes se font, les gens deviennent avides de gains et les escrocs entrent en scène pour profiter de cette avidité. Plus tard, le krach, la panique, le sauve-qui-peut général qui les accompagne, sont autant d'incitations à tricher, dans le seul but de se sauver soi-même. Lorsqu'une escroquerie est rendue publique, la détresse financière n'en est qu'accrue, suivie de krachs et de panique. » En 2002, le krach révélera par exemple la faillite frauduleuse du courtier en énergie Enron et les manipulations comptables de WorldCom, la deuxième compagnie américaine de téléphonie longue distance aux États-Unis. La chute des marchés de 2008 révéla une des plus grandes escroqueries de l’histoire financière : l’affaire Madoff. Après le krach de 2008, de nombreux investisseurs ont souhaité retirer leur argent du fonds de Bernard Madoff. Or ce fonds était en large partie un système frauduleux de type pyramidal où les intérêts des premiers investisseurs sont payés avec le capital apporté par les nouveaux investisseurs. Ces clients – des banques, des fonds et des détenteurs de grosses fortunes personnelles – étaient attirés par l’offre d’un taux de rendement stable d’environ 10 p. 100 par an qui aurait pourtant dû susciter leur méfiance.
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Écrit par
- Christophe BOUCHER : professeur à l'université de Lorraine
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Médias
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