CRISES FINANCIÈRES Krachs boursiers
Krach boursier et économie réelle
Quelle que soit l'origine de la crise, une réduction importante ou durable des cours boursiers exerce une influence sur l'activité économique. Il existe plusieurs canaux de transmission par lesquels l'évolution du marché boursier affecte l'économie réelle :
– l'« effet richesse », par lequel l’évolution des prix des actifs influence la valeur du patrimoine des ménages et leur consommation : un ménage dont la richesse se réduit en période d’effondrement des cours boursiers sera plus incité à épargner pour compenser cette perte de richesse et consommera donc moins ;
– la valeur de marché du capital relativement à son coût de remplacement, qui influence potentiellement l'investissement des entreprises, car, si la valeur attribuée au capital de l’entreprise diminue, les entreprises sont moins incitées à investir et à augmenter le stock de capital de l’entreprise ;
– le mécanisme de « l'accélérateur financier » par lequel le marché boursier joue sur la santé financière des entreprises, et donc sur l'investissement ; en effet, une banque accordera d’autant plus difficilement un prêt à une entreprise pour investir que la situation financière de cette entreprise – qui dépend de l’évolution des marchés financiers – est mauvaise ;
– le bilan des intermédiaires financiers, notamment des banques, qui influence les conditions de prêts ;
– l'évolution du marché boursier elle-même, qui affecte plus généralement la confiance des ménages et des entrepreneurs.
Le krach s'accompagne de besoins de liquidités importants, en particulier pour les spéculateurs qui s'étaient endettés pour acheter des actifs et qui ne peuvent plus compter sur leurs plus-values pour les rembourser. De leur côté, les banques, fragilisées, restreignent les crédits qu'elles accordent, ce qui aggrave la situation de leurs clients (en amplifiant l'effet richesse négatif). Le risque est alors l'enchaînement de la debt deflation (la déflation par la dette) analysée par Irving Fisher en 1933 : chute du prix des actifs financiers, désendettement, chute de la profitabilité des entreprises, de la confiance et de l'activité. La chute du niveau général des prix entraîne la hausse des taux d'intérêt réels (l'inflation chute plus rapidement que les taux d'intérêt nominaux) et la réduction du crédit et de la masse monétaire (avec la baisse de la vitesse de la circulation de monnaie dans l'économie). La crise boursière est susceptible alors de se transformer en une crise économique majeure comme celle qu'ont connue les États-Unis après le krach de 1929 ou la « grande récession » de 2008 qui a touché toute l’économie mondiale.
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Écrit par
- Christophe BOUCHER : professeur à l'université de Lorraine
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