- 1. Les origines de l'idée de croisade
- 2. Le déroulement des croisades en Terre sainte
- 3. Signification religieuse des croisades
- 4. L'organisation des croisades
- 5. Les croisades non destinées à la Terre sainte
- 6. La survie des croisades contre l'Islam
- 7. Les conséquences des croisades
- 8. Bibliographie
CROISADES
L'organisation des croisades
La prédication
La décision prise par le pape d'organiser une expédition se traduisait par la promulgation d'une bulle de croisade, faisant connaître à la Chrétienté dans son ensemble (ou parfois à certaines contrées seulement) les raisons qui rendaient l'expédition nécessaire, l'octroi des privilèges temporels et spirituels concédés aux croisés, et fixant souvent la date du départ. Les constitutions promulguées par le quatrième concile du Latran et le second concile de Lyon prennent même l'allure d'un véritable code de la croisade, entrant dans le plus infime détail.
Le pape désignait également ceux qui étaient chargés de la prédication : on connaît mal les conditions dans lesquelles cette désignation intervint lors des deux premières croisades, mais on sait que saint Bernard reçut une mission du pape Eugène III et chargea plusieurs cisterciens de prêcher la croisade en 1147 ; un prédicateur qui s'était attribué lui-même cette fonction et qui excitait les foules contre les juifs fut désavoué par lui. Par la suite, ce sont les légats chargés d'organiser la croisade dans une région donnée qui investissent les prédicateurs de leurs fonctions. Des recueils de sermons existent, qui permettent de connaître les thèmes auxquels recourait la prédication, tel le Tractatus de praedicatione sanctae Crucis d'Humbert de Romans. D'autre part les trouvères et les Minnesänger reprenaient les thèmes de la prédication en les adaptant aux auditoires qu'ils touchaient.
Le pape désignait aussi les légats qui accompagnaient l'armée ; ceux-ci ont parfois joué un rôle dans la direction des opérations (tel Adhémar de Monteil, en 1096-1098, et Pélage en 1218-1221). Mais leurs fonctions étaient essentiellement de caractère spirituel. La direction de la croisade était laissée à ceux des grands barons ou des chefs d'État qui avaient pris la croix. Peu à peu, toutefois, on s'orienta vers la désignation d'un chef de guerre : les historiens s'interrogent sur le rôle qui avait été réservé par Urbain II à Raymond de Saint-Gilles ; Boniface de Montferrat fut choisi comme chef de la quatrième croisade ; la désignation d'un capitaneus devient la règle à la fin du xiiie siècle. Mais le commandement, lorsque plusieurs personnages de rang équivalent participent à l'expédition, est assuré par un conseil où siègent les grands barons. Et chacun d'eux commande le contingent constitué par ses vassaux et par ceux qui se sont placés sous sa direction – et souvent mis à sa solde – pour la durée de l'entreprise.
En dehors de ces contingents de combattants figurent les pèlerins qui se joignent à l'armée, souvent sans porter les armes : ces personnages vivent de la charité des autres et représentent un élément turbulent, peu accessible à la discipline que les princes cherchent à faire régner ; mais ils exercent une certaine pression sur les chefs de l'armée du fait qu'ils sont les « pauvres » et les « pénitents » par excellence. Ainsi obligèrent-ils les barons de la première croisade à reprendre la route de Jérusalem quand ils s'attardaient en Syrie du Nord.
L'évolution de la stratégie
De plus en plus les croisés cessèrent de suivre la route de terre – longue, pénible et périlleuse du fait de la traversée de l'Asie Mineure et des difficultés du ravitaillement – pour adopter la voie maritime. L'équipement d'une flotte de transport devint alors l'un de leurs principaux soucis : Philippe Auguste demanda des navires à Gênes ; le marquis de Montferrat, pour la quatrième croisade, à Venise ; Saint Louis fit construire des navires pour la huitième croisade ; Innocent III fit appel, en 1215, aux armateurs de villes italiennes. Des navires spéciaux (huissiers) transportaient[...]
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Écrit par
- Jean RICHARD : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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