- 1. Les origines de l'idée de croisade
- 2. Le déroulement des croisades en Terre sainte
- 3. Signification religieuse des croisades
- 4. L'organisation des croisades
- 5. Les croisades non destinées à la Terre sainte
- 6. La survie des croisades contre l'Islam
- 7. Les conséquences des croisades
- 8. Bibliographie
CROISADES
La survie des croisades contre l'Islam
Les croisades survécurent à la chute d'Acre et des dernières places tenues par les Latins en Terre sainte (1291). Les papes ne renoncèrent pas à employer l'indulgence de croisade pour des opérations militaires dirigées contre des envahisseurs menaçant la Chrétienté sur ses frontières (tels les païens des pays baltes au xive siècle, ou Tamerlan, dont l'invasion en 1396 menaçait les chrétiens du Caucase) ; contre des hérétiques tels que les hussites : les expéditions lancées par ceux-ci contre les pays voisins et leur domination sur la Bohême amenèrent les papes et les conciles à diriger cinq croisades contre eux (1421-1435) ; contre les ennemis de l'Église, notamment durant le Grand Schisme d'Occident (dans le royaume de Naples ou, en 1383, dans le comté de Flandres).
Mais c'était surtout en Orient que la croisade restait indispensable. Les chrétiens d'Occident ne renonçaient pas, en dépit de la perte de leurs bases de la côte syro-palestinienne, à récupérer la Terre sainte. De très nombreux projets de croisade furent élaborés à la fin du xiiie et au xive siècle : les plus célèbres sont ceux du roi Charles II de Sicile, du prince arménien Haython, du franciscain Raymond Lull, des dominicains Raymond Étienne et Guillaume Adam, du Vénitien Marco Sanudo Torselli ; plus tard, celui du « viel pèlerin » Philippe de Mézières et, au xve siècle, celui du Vénitien Emmanuel Piloti. Ces projets réunissaient des plans de campagne où intervenaient les Mongols de Perse ou d'autres alliés éventuels, avec des suggestions telles que le blocus de l'Égypte ou la fondation d'un ordre religieux militaire investi de la garde des territoires conquis par les croisés. La croisade exigeait un Occident parfaitement uni : aussi, dans son De recuperatione Terrae sanctae, le Français Pierre Dubois imaginait-il une réforme complète de la société, de l'Église et de la carte politique de l'Europe...
Quant aux papes, ils préparaient un « passage général » en essayant de réconcilier les souverains ennemis pour les associer à l'entreprise commune ; ils prévoyaient et décidaient la levée de décimes. Mais, si l'expédition parut à plusieurs reprises très proche de sa réalisation, seule la croisade menée par le roi de Chypre Pierre Ier, en 1365, aboutit à l'occupation, d'ailleurs éphémère, du port d'Alexandrie. Et encore cette guerre contre le sultan avait-elle commencé pour d'autres raisons que pour la « récupération de la Terre sainte ».
C'est que, dès le début du xive siècle, un danger nouveau menace la Chrétienté, et d'abord les îles qui représentent ce qui reste de l'Orient latin : la piraterie, forme nouvelle de la « guerre sainte » musulmane, menée surtout par les émirats turcs qui s'établissent sur les côtes d'Asie Mineure. Contre eux, l'ordre des Hospitaliers, qui s'installe à Rhodes, se voue à la police des mers ; dès 1333, le pape institue une Sainte Ligue pour lutter contre les Turcs qui font régner l'insécurité en mer Égée.
En 1344, Clément VI renouvelle la Sainte Ligue, dont les participants bénéficient des privilèges des croisés : la prise de la citadelle de Smyrne représente un beau succès, que prolonge la croisade du dauphin Humbert de Savoie (1345). Quelques années plus tard, le légat saint Pierre Thomas emmène de nouveaux croisés contre les nids de pirates turcs, et c'est en luttant contre ceux-ci, non sans succès (prise d'Attalia), que le roi Pierre Ier de Chypre est entraîné à faire la guerre au sultan d'Égypte.
Du côté de l'Afrique du Nord, même politique : en 1390, le duc Louis II de Bourbon conduit une croisade contre Africa (al-Mahdiya), repaire des pirates tunisiens, qu'il ne parvient d'ailleurs pas à enlever.[...]
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Écrit par
- Jean RICHARD : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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