CROISSANT FERTILE
Entité géographique assez imprécise du Moyen-Orient. L'expression de Croissant Fertile, qui a surtout un intérêt historique, a été forgée par l'archéologue américain Breasted, au début du xxe siècle, pour désigner la région peuplée de sédentaires qui s'étend en fer à cheval autour de l'avancée du désert syro-arabique ou Badia ech-Cham (Chamiyé) : en gros Israël, le Liban, la côte, l'ouest et le nord de la Syrie et les plaines de Mésopotamie. Sa position lui donne dans l'histoire humaine une importance primordiale : situé entre l'Égypte et l'Iran qu'il relie comme une arche, au contact de l'Anatolie, entre la mer, la montagne et le désert, avec des ouverture sur l'Occident par la Méditerranée, sur l'Inde et l'Extrême-Orient par le golfe Persique, il est au centre de l'Orient. Cependant, le Croissant Fertile n'a pas de véritable unité naturelle, bien qu'il corresponde pour l'essentiel à l'auréole de terres suffisamment arrosées pour être cultivées qui entoure le désert syro-arabique. Les zones fortes et permanentes sont : d'une part, à l'ouest, la frange montagneuse humide de la côte méditerranéenne (Israël, Liban, côte syrienne) où s'épanouirent autrefois les civilisations cananéenne et phénicienne, peuplées aujourd'hui de minorités plus ou moins tournées vers l'Occident ; d'autre part, à l'est, les plaines de Mésopotamie irriguées par le Tigre et l'Euphrate, peuplées d'Arabes, et où se sont épanouies dans l'Antiquité les civilisations sumérienne et babylonienne ; entre les deux, les steppes de Djézireh, où les Arabes sont au contact des Kurdes, eurent un destin inégal : vouées naturellement aux cultures céréalières, elles furent souvent conquises par les pasteurs nomades et annexées ainsi au désert ; la Djézireh est, en effet, une maamoura, c'est-à-dire une zone de transition entre le monde sédentaire et le monde nomade. Les limites du Croissant Fertile vers l'intérieur désertique ont beaucoup varié au cours de l'histoire selon les rapports de force entre paysans et nomades. L'unité du Croissant Fertile a été assurée à certaines époques par les Assyriens, par les Omeyyades, par les Abbassides, par les Turcs.
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Écrit par
- Jean-Marc PROST-TOURNIER : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth
Classification
Autres références
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ARABE (MONDE) - Le peuple arabe
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Maxime RODINSON
- 4 081 mots
- 5 médias
Les Arabes d'Arabie se sont infiltrés il y a très longtemps dans leCroissant fertile ( Mésopotamie, Syrie-Palestine) et en Égypte. La plupart de ceux qui s'installèrent en Syrie-Palestine et en Mésopotamie s'assimilèrent à la population araméenne dont ils adoptèrent la langue en même temps qu'ils... -
ARABIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Robert MANTRAN et Maxime RODINSON
- 7 614 mots
...imposer sa marque pour plusieurs millénaires à l'Arabie, ne fut pas l'aboutissement d'une évolution économique autonome. Les cultivateurs néolithiques du Croissant fertile devaient déjà utiliser les herbages du désert, florissant en hiver et au printemps, pour y faire paître leurs troupeaux de petit bétail.... -
DJÉZIREH
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NÉOLITHISATION - Afrique saharienne et subsaharienne
- Écrit par Henri-Jean HUGOT
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...la végétation et le peuplement animal et humain de l'Afrique étaient, au début du Néolithique, très différents de ceux qui régnaient en Europe et au Moyen-Orient. C'est pourtant dans leCroissant fertile que les chercheurs européens sont allés chercher les bases de leur définition du Néolithique.