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CROYANCE

Approche herméneutique

Si l'on appelle herméneutique la démarche philosophique qui donne au concept d'interprétation une signification spécifique, issue de l'exégèse des textes sacrés ou profanes et de la jurisprudence dans le champ du droit, la notion de croyance rentre dans son champ par l'intermédiaire de l'interprétation de soi, réflexivement liée à la compréhension des actes de discours, des actions, des récits et en général des œuvres qui servent de médiation entre soi et soi-même. La compréhension de soi, développée en interprétation de soi, met en action des actes de discours classés parmi les verbes de type assertif, tels que amuser, certifier, témoigner, attester, jurer. L'attestation a ceci de remarquable qu'elle invoque la position de témoin de l'état de choses représenté. Or parmi ces états de choses figurent mes pouvoirs, mes capacités, mes dispositions. Une nouvelle forme de croyance se désigne ici sous la forme : « je crois que je peux ». « Je le crois, je l'atteste, j'en témoigne. » Ici, croire n'est pas moins que savoir. C'est une assurance, une confiance non doxique, qui n'a cours que dans la région d'énonciations ayant affaire au soi, à l'ipséité. On retrouve, au terme de ce long détour, la mémoire de l'assentiment stoïcien et cartésien, la croyance-foi de la philosophie pratique kantienne, de la véridiction au sens sémiotique.

Le terme de croyance se révèle ainsi porteur d'un riche faisceau de valeurs d'emploi entre lesquelles circule une forte ressemblance de famille.

— Paul RICŒUR

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-X, professeur à l'université de Chicago

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