CRUSTACÉS
Paléontologie et phylogénie
Les premiers fossiles d'arthropodes que l'on puisse rattacher aux crustacés proviennent du Cambrien. Dès cette époque existent, à côté de formes primitives dont les affinités avec les crustacés actuels sont incertaines, des ostracodes et sans doute des branchiopodes. Dès le Dévonien, toutes les classes actuelles sont représentées, comme le seront, au Carbonifère, presque tous les ordres. Au Trias apparaissent les premiers décapodes indiscutables et, au Jurassique, les premiers crabes. La diversification des grands groupes s'accentue et répond en général à des tendances évolutives distinctes. Les modifications correspondent souvent à des perfectionnements qui accroissent les chances de survie, et sont parfois en relation avec une adaptation à un type d'habitat particulier. L'exemple des décapodes marcheurs est frappant. Partant des formes à abdomen développé, la protection de cette région vulnérable se réalise chez les Thalassinidae par l'adaptation à une vie fouisseuse, chez les pagures par l'installation dans une coquille de gastéropode, et chez les crabes par une réduction de plus en plus marquée de cette région du corps elle-même et par son repli sous le céphalothorax. En même temps se maintiennent des formes primitives anciennes, comme, chez les décapodes encore, les crevettes pénéides, dont certaines espèces du Trias sont très proches des Penaeus actuels. La stabilité est plus remarquable encore chez les crustacés inférieurs : chez les conchostracés, le genre Estheria est connu depuis le Dévonien jusqu'aujourd'hui.
Les fossiles, si nombreux soient-ils, ne sont que d'une aide limitée dans la recherche des rapports phylétiques chez les crustacés. En effet, beaucoup de ceux-ci, à cause de leur petite taille et de la finesse de leurs téguments, ne se fossilisent pas : c'est le cas des copépodes, par exemple, que l'on ne connaît pratiquement que par les représentants actuels. De plus, dans la grande majorité des cas, l'étude paléontologique ne dispose que d'éléments du squelette externe, souvent fragmentés. La connaissance très partielle des caractéristiques morphologiques peut conduire à des conclusions erronées dans le domaine de la phylogénie. Ainsi, la découverte et l'étude d'un représentant actuel du grand groupe mésozoïque des décapodes glyphéides, Neoglyphea (véritable fossile vivant), ont montré que ces crustacés n'étaient pas apparentés aux palinurides (langoustes), comme semblaient l'indiquer les données fossiles, mais sont bien plus proches des astacides (écrevisses et langoustines).
D'une phylogénie encore imprécise et discutée dans ses détails on ne peut proposer que quelques traits généraux. La constance de la structure au stade nauplius laisse supposer que les premiers crustacés avaient eux aussi une larve de ce type. On a vu que, à l'état adulte, ils possédaient sans doute de nombreux segments identiques et des yeux composés. Ces formes primitives constituaient un tronc commun dont sont issus, très tôt, plusieurs branches principales, puis des rameaux secondaires. Ceux-ci, à leur tour, ont donné naissance, toujours au Paléozoïque, à un certain nombre de lignées, en particulier à celles qui ont abouti aux crustacés actuels et que l'on peut, dans une certaine mesure, et malgré des lacunes considérables, rattacher aux ensembles originels.
De deux rameaux d'une branche commune proviendraient, d'une part, les céphalocarides, les anostracés et les notostracés, d'autre part les conchostracés, les ostracodes et les cirripèdes, ceux-ci très modifiés par la vie fixée ou le parasitisme et se rattachant aux précédents par leur larve cypris. Copépodes, branchioures et mystacocarides ont vraisemblablement une même souche. Quant aux malacostracés, si leur origine monophylétique est probable,[...]
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Écrit par
- Jacques FOREST : professeur émérite, Institut océanographique
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