CUBA
Nom officiel | République de Cuba (CU) |
Chef de l'État | Miguel Díaz-Canel (depuis le 10 octobre 2019) |
Chef du gouvernement | Manuel Marrero Cruz (depuis le 21 décembre 2019) |
Capitale | La Havane |
Langue officielle | Espagnol |
Unités monétaires | - |
Population (estim.) |
11 054 000 (2024) |
Superficie |
109 884 km²
|
Cuba, comme la plupart des îles des Caraïbes, est découverte par Christophe Colomb en 1492 et fait l’objet au xviiie siècle d’une guerre de conquête entre l’empire britannique et la couronne d’Espagne. Devenue le joyau de la monarchie espagnole, elle connaît alors quatre siècles de colonisation et contribue à l’enrichissement de sa métropole. L’importation d’esclaves y est massive et systématique, comme en Hispaniola (actuelles républiques d’Haïti et de Saint-Domingue), au point que ceux-ci constituent la majorité de la population au milieu du xixe siècle. Ce commerce des esclaves favorise l’économie de plantation (tabac, café) aux xviiie et xixe siècles, puis permet l’essor de l’industrie du sucre. Cuba prend alors le relais de la Jamaïque et surtout d’Haïti, après l’indépendance de cette dernière en 1804. C’est à cette période que s’ancre la tradition de la monoculture sucrière, qui fonde la prospérité mais aussi la fragilité et la dépendance de l’île.
Si l’histoire de Cuba est typique des Caraïbes, la situation géographique de l’île est exceptionnelle. Surnommée « la clé du golfe », Cuba est presque à équidistance de la péninsule mexicaine du Yucatán et de la Floride américaine. Cette position a permis au port de La Havane de devenir un lieu d’escale prisé par les bateaux du commerce colonial. Elle permet aussi de comprendre pourquoi Cuba a été convoitée très vite par les États-Unis dès son indépendance, proclamée le 20 mai 1902, et comment elle est ensuite devenue un enjeu de la guerre froide dans la seconde moitié du xxe siècle.
Contrairement aux autres colonies latino-américaines, Cuba reste « toujours très fidèle » à la métropole jusqu’à la fin du xixe siècle ; elle développe d’importantes relations commerciales avec les États-Unis, qui achètent 95 % de sa production de sucre en 1891. Cette domination économique facilite la mise sous tutelle de l’île, à l’issue de la sanglante guerre d’indépendance menée de 1895 à 1898 par José Martí, héros de l’indépendance, fondateur du Parti révolutionnaire cubain, mort au combat. Le gouvernement américain signe le traité de Paris en 1898 et s’arroge rapidement un droit de regard sur le processus d’indépendance cubaine avec la promulgation de l’amendement Platt (1901) qui autorise l’ingérence américaine dans les affaires internes du pays. Tandis qu’une partie des élites, américanisée, souhaite cette ingérence pour assurer sa survie économique et se protéger des conflits sociaux et raciaux post-indépendance, c’est principalement contre cette ingérence que se constitue la mouvance révolutionnaire autour de Fidel Castro dans les années 1950, qui convoque l’héritage de José Martí. Aussi, quand Fidel Castro, à la tête des guérilleros vainqueurs, proclame la révolution socialiste en 1961, une partie de ses soutiens s’estime trahie et fait défection à Miami (ou est emprisonnée). En même temps, en 1962, l’imposition d’un embargo unilatéral de la part des États-Unis, qui cherchent à contenir le communisme à leurs portes, incite les dirigeants cubains à chercher le soutien soviétique. Cuba, par sa position stratégique, devient une tête de pont pour le bloc communiste en Amérique latine durant la guerre froide. C’est ainsi que la dynamique de la révolution cubaine, plurielle et contradictoire, prend un tournant orthodoxe qui la transforme en un régime autoritaire allié à l’URSS.
Cet autoritarisme s’exerce cependant en alternant des périodes de durcissement et des périodes plus libérales. Ainsi, durant les années 1970, la répression s’abat sur les milieux intellectuels et culturels ; puis, au milieu des années 1990, la censure entraîne l’exil d’une génération entière d’artistes et d’universitaires ; enfin, les années 2000 sont marquées par l’incarcération d’opposants. En revanche, les années 1960[...]
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Écrit par
- Marie Laure GEOFFRAY : enseignante ATER de science politique à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, chargée de cours à Sciences Po Poitiers (cycle ibéro-américain de Sciences Po Paris)
- Janette HABEL : maître de conférences, chargée de cours à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
- Jean Marie THÉODAT : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Victoire ZALACAIN : licenciée en géographie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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