CUBA
Nom officiel | République de Cuba (CU) |
Chef de l'État | Miguel Díaz-Canel (depuis le 10 octobre 2019) |
Chef du gouvernement | Manuel Marrero Cruz (depuis le 21 décembre 2019) |
Capitale | La Havane |
Langue officielle | Espagnol |
Unités monétaires | Peso cubain (CUP), peso convertible (CUC) |
Population (estim.) |
11 054 000 (2024) |
Superficie |
109 884 km²
|
De l’ouverture économique au postsocialisme
L'ouverture économique
C'est lors du quatrième congrès du PCC, en 1991, qu'ont été adoptées les premières orientations qui définissaient les fondements et les limites de l'ouverture économique : assainissement des finances internes, décentralisation progressive du monopole d'État sur le commerce extérieur, restructuration des entreprises publiques, réorganisation du travail. L'introduction des mécanismes de marché dans une économie centralisée devait se faire de manière graduelle et contrôlée, la régulation par l'État restant prédominante. Il fallait peu à peu combler l'immense vide laissé par l'effondrement des échanges avec le CAEM, réorienter le commerce extérieur et réorganiser un pays qui se trouvait confronté à un dilemme analogue à celui des années 1960 : comment reconvertir une économie brutalement privée de ses ressources énergétiques ? À quelles conditions Cuba pourrait-il survivre dans le nouvel ordre mondial ? La mise en place des réformes économiques marchandes, en 1993 et en 1994, visait à ouvrir des espaces au marché et au capital étrangers en légalisant le dollar, en autorisant les entreprises mixtes, en développant le tourisme, en créant des coopératives agricoles, en permettant le travail indépendant pour certaines activités artisanales et commerciales (comme les petits restaurants privés appelés paladares). Ces réformes vont bouleverser la société cubaine, sans pour autant que soit tiré le bilan de l'insertion du pays dans le CAEM, alors que Cuba a servi pendant trente ans de grenier à sucre aux pays du bloc socialiste et d'atout stratégique pendant la guerre froide.
Le coût social de l'ouverture au marché, décidée en pleine crise, est patent. La légalisation du dollar, notamment, eut des conséquences plus graves que prévu, tant sur le plan social que sur le plan idéologique, car elle introduisit un clivage entre ceux qui pouvaient consommer dans les supermarchés en devises et ceux qui n'y avaient pas accès. L'ouverture au marché a également créé une différenciation forte entre une population salariée appauvrie par la dollarisation, parfois en situation précaire, et d'autres groupes (paysans, artisans, petits commerçants) qui se sont enrichis grâce aux réformes. Les tensions sont d'autant plus fortes qu'après les espoirs suscités par la reprise de la croissance au milieu des années 1990 (liée aux réformes et à l'ouverture économique), la situation s'est de nouveau détériorée au début des années 2000, avec la hausse des cours du pétrole. La réflexion sur la stratégie économique à adopter allait resurgir avec la restructuration drastique du secteur sucrier, lancée en avril 2002.
Les interrogations sur la sortie de la « période spéciale », sur la viabilité du système économique actuel sont récurrentes. Les évaluations des réformes divisent les Cubains. Pour certains, les différenciations sociales, la croissance des inégalités sont le produit néfaste de l'ouverture économique, alors que pour d'autres, il n'y a pas alternative face à l'échec de l'économie bureaucratiquement centralisée.
Le tournant monétaire de 2004 : la fin de la dollarisation
En novembre 2004, le dollar qui circule sur l'île depuis onze ans est remplacé par le peso convertible. Utilisé, désormais, pour les transactions en espèces dans l'île, celui-ci – qui s'échange au taux de un peso pour un dollar – n'est toutefois pas convertible hors du pays. Quant au peso, utilisé comme monnaie courante (notamment pour les salaires), il s'échange au taux de 26 pesos pour un dollar. La dualité du système monétaire avait provoqué de nombreuses tensions et eu des conséquences économiques jugées négatives. Les mesures prises ont permis au gouvernement de récupérer une partie de l'épargne[...]
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Écrit par
- Marie Laure GEOFFRAY : enseignante ATER de science politique à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, chargée de cours à Sciences Po Poitiers (cycle ibéro-américain de Sciences Po Paris)
- Janette HABEL : maître de conférences, chargée de cours à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
- Jean Marie THÉODAT : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Victoire ZALACAIN : licenciée en géographie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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