CUIR
Le cuir est un produit naturel résultant d'un ensemble d'opérations appelé tannage, ayant pour but de transformer le derme de la peau des animaux en une substance imputrescible, présentant une certaine résistance à l'action de l'eau. En dehors de son imputrescibilité, le cuir doit posséder un certain nombre de propriétés physiques variables suivant les usages auxquels il est destiné : les cuirs choisis pour la fabrication des semelles de chaussures doivent être imperméables, fermes, leur tannage ne doit pas être modifié par l'action prolongée de l'eau ; quant à ceux qui vont servir à la fabrication des gants, ils devront surtout être très souples.
L'action produite sur la peau par le tannage peut être plus ou moins accentuée, autrement dit la liaison entre les fibres de la peau et la substance employée pour les rendre imputrescibles peut être plus ou moins intime ; c'est ainsi que les cuirs tannés au chrome ne se transforment pas en gélatine sous l'action de l'eau bouillante, tandis que les peaux tannées à l'alun sont susceptibles de subir assez facilement cette modification.
La tannerie a pour but de traiter la peau récupérée après l'abattage des animaux, pour la transformer en cuir. Suivant la nature de cette peau, les entreprises se classent en tanneries, qui traitent les peaux de bovins et d'équidés, et en mégisseries, qui traitent principalement les peaux d'ovins et de caprins.
Sous-produit de la viande, le cuir est à la fois un produit agricole et une matière première industrielle. L'apparition d'un grand nombre de produits de remplacement synthétiques, les succédanés du cuir, a eu pour conséquence une baisse sensible des cours mondiaux des peaux. Une propagande active, appuyée sur une amélioration continue de la qualité et des rendements, s'emploie à trouver d'autres utilisations aux cuirs.
Historique
L'usage du cuir remonte aux origines de l'humanité ; il n'a pu toutefois être attesté qu'indirectement, grâce à la découverte d'outils ayant certainement servi au travail des peaux et de restes osseux d'animaux portant des traces de dépeçage. Pour rendre les peaux imputrescibles, on les soumettait à l'action de la fumée. Un rapprochement de cause à effet a probablement permis à l'homme, à une époque fort reculée, de découvrir le tannage végétal à l'aide d'écorces, de bois ou de feuilles.
La peau fut d'abord tannée avec le poil ou la laine, et ce pour des besoins vestimentaires. L'utilisation du cuir pour faire de la chaussure est certainement beaucoup plus récente.
L'apparition d'agglomérations urbaines détermina une localisation des artisans tanneurs à proximité des centres qui pouvaient servir de marchés d'écoulement et de lieu d'approvisionnement. Les établissements s'installèrent au bord des rivières, en raison des grandes quantités d'eau nécessaires à la préparation des peaux pour le tannage.
Égyptiens, Assyriens, Babyloniens, Hébreux, Grecs et Romains avaient déjà acquis un certain degré de perfectionnement dans la fabrication du cuir, les objets en cuir trouvés dans des tombeaux de l'époque l'attestent.
Ce n'est que beaucoup plus tard, environ au viiie siècle après J.-C., que les Sarrasins, au moment de la conquête de l'Espagne, apportèrent en Europe une nouvelle méthode : le tannage à l'alun.
Les tanneurs étaient, comme les autres métiers, réunis en corporations assujetties à des prescriptions sévères. Ils ne pouvaient exercer leur métier que dans des quartiers bien délimités. Dans la plupart des villes du monde, il existe encore des rues portant les noms de : rue des Tanneurs, rue des Parcheminiers ou rue des Mégissiers.
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Écrit par
- Laurent VILLA : docteur ès sciences, ingénieur chimiste de l'École supérieure de chimie de Lyon, directeur honoraire de l'École supérieure du cuir, des peintures, encres et adhésifs
Classification
Médias
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