CUIR
La peau
La matière première essentielle de la tannerie et de la mégisserie est la peau. Après l'abattage et la saignée, elle est ôtée du corps de l'animal ; on s'efforce de lui donner le carré le plus parfait et d'éviter toutes languettes et échancrures sur les bords. De la dépouille, on distingue : le côté extérieur ou « côté poil », qui porte les poils constituant la robe de l'animal, caractéristique de la famille et même de la variété (bœuf du Limousin à robe blanche peu tachée, bœuf de Normandie à taches blanches et brunes) ; le côté interne ou « côté chair », qui est blanchâtre chez les animaux immédiatement saignés après l'abattage.
La tête, les pattes et la queue, impropres à faire du cuir, sont éliminées avant les opérations de conservation.
La palpation de la peau révèle des différences d'épaisseur et de nervosité. Mince, très souple aux plis de l'aine et à l'aisselle, elle est plus épaisse dans la région dorsale.
Les diverses régions devront donc être séparées pour constituer une matière plus homogène, permettant un meilleur rendement. Cette opération, le crouponnage, s'effectue sur les cuirs de bovidés (fig. 1).
Structure
L'examen histologique au microscope ordinaire de coupes de peau convenablement colorées montre trois zones assez distinctes : l'épiderme, le derme, le tissu sous-cutané (fig. 2).
L'épiderme situé côté poil comprend plusieurs couches de cellules superposées. Il est formé principalement d'une protéine, la kératine, riche en soufre, insoluble dans l'eau, les solvants organiques et dans les solutions diluées d'acides et de bases, mais fortement attaquée par les solutions alcalines concentrées et les solutions réductrices alcalines. Cette dernière propriété est mise à profit dans l'épilage des peaux.
Le derme, partie principale de la peau, diffère de l'épiderme par sa plus grande épaisseur et par sa constitution. Tandis que l'épiderme est formé de cellules, le derme est constitué par un feutrage serré de fibres de deux sortes : les fibres blanches (ou collagènes) et les fibres jaunes (ou élastiques).
Plus nombreuses, les fibres blanches constituent la presque totalité du feutrage dermique. Ce feutrage n'a pas partout la même structure et l'on distingue dans le derme deux régions : la fleur, partie la plus proche de l'épiderme, au feutrage dense, à fibres bien enchevêtrées ; et, au-dessous de la fleur, la chair, de plus grande épaisseur, au feutrage de fibres blanches beaucoup plus grossier ; les fibres élastiques y sont très clairsemées.
Quelle que soit la disposition des éléments, le derme renferme toujours : des éléments cellulaires, dont le rôle principal est d'engendrer la substance fondamentale et les fibres, et qui disparaissent après l'abat et au cours de la conservation de la peau ; une substance amorphe, qui enrobe les fibres et les cimente ; des fibres blanches ou jaunes.
Les opérations préliminaires de tannerie dégagent les fibres blanches, et certaines d'entre elles (pelanage, confitage, picklage) provoquent une défibrillation qui assouplit la peau et permet aux agents tannants de pénétrer en profondeur dans la fibre et de conduire à un tannage plus homogène.
Les fibres jaunes, contrairement aux fibres collagènes, sont simples, très ténues, cylindriques, lisses et généralement ramifiées. Dans le feutrage dermique, elles réagissent comme de véritables ressorts tendus. Elles donnent à la peau sa nervosité ; les peaux nerveuses comme la peau de chèvre en sont riches, contrairement aux peaux souples comme la peau de veau. La suppression des fibres élastiques, opération effectuée dans le confitage, donnera une peau souple.
Au point de vue chimique, les fibres jaunes sont formées par une protéine, l'élastine, insoluble dans l'eau, les[...]
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Écrit par
- Laurent VILLA : docteur ès sciences, ingénieur chimiste de l'École supérieure de chimie de Lyon, directeur honoraire de l'École supérieure du cuir, des peintures, encres et adhésifs
Classification
Médias
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