ÊTRE SUPRÊME CULTE DE L'
Robespierre est à l'origine du culte de l'Être suprême, par lequel il prétendait donner à la vertu, principe et ressort du gouvernement populaire, un fondement métaphysique. L'essentiel de ses idées est contenu dans son discours du 18 floréal an II (7 mai 1794) sur l'établissement des fêtes décadaires : « L'idée de l'Être suprême est un rappel continuel à la justice, elle est donc sociale et républicaine. »
L'article premier du décret du 18 floréal proclame que « le peuple français reconnaît l'existence de l'Être suprême et de l'immortalité de l'âme ». Quatre grandes fêtes républicaines étaient instituées à la gloire des grandes journées de la Révolution : 14 juillet 1789, 10 août 1792, 21 janvier 1793 et 31 mai 1793. La fête de la Nature et de l'Être suprême inaugurait le nouveau culte, le 20 prairial an II (juin 1794).
La cérémonie comporta deux épisodes. Aux Tuileries, devant le pavillon central couronné d'un gigantesque bonnet rouge, se dressait devant un amphithéâtre de verdure une statue de l'Athéisme en étoupe, où nichait une statue de la Sagesse, incombustible. Après la canonnade, les fanfares, les chœurs de l'Opéra entonnèrent l'hymne : « Père de l'univers, suprême intelligence... », puis Robespierre, président de la Convention, fit un discours et mit le feu à la statue de l'Athéisme, la Sagesse sortit intacte des flammes.
On se rendit ensuite au Champ-de-Mars, préparé pour la circonstance : on y voyait une montagne symbolique, une colonne de cinquante pieds, quatre tombeaux étrusques, une pyramide, un temple grec et un autel. Un tableau de Pierre-Antoine Demachy représente la cérémonie. Le cortège vint se promener dans ce décor allégorique et, sur un dernier « Père de l'univers, suprême intelligence... », éclata une formidable canonnade qui mit fin à la cérémonie.
La fête de l'Être suprême fut l'apothéose de Robespierre. Porte-drapeau de la Révolution, il en était apparu comme le maître, précédant les députés d'une vingtaine de pas. Mais cela permit à ses ennemis de le perdre en l'accusant de viser à la dictature. Enfin, cette cérémonie ne fut pas du goût de tous les Montagnards, qui accusèrent Robespierre de calotinisme.
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Écrit par
- Jean DÉRENS : archiviste-paléographe, bibliothécaire à la bibliothèque historique de la Ville de Paris
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