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HOMME-OISEAU CULTE DE L'

Célébré annuellement dans l'île de Pâques au cours de cérémonies rituelles qui eurent lieu jusqu'à la fin du xixe siècle, le culte de l'homme-oiseau apparaît dans toute l'aire indo-pacifique. En effet, cette image se rencontre depuis les îles du Sud-Est asiatique, où les représentations de l'oiseau de Bornéo figurent l'ancêtre guerrier au cours des cérémonies dédiées au culte des morts, en passant par la Mélanésie, où l'oiseau est présent dans de nombreuses œuvres comme substitut de l'homme, jusqu'à l'île de Pâques à l'extrême est de la Polynésie où se déroule le culte de l'homme-oiseau.

Dans la plupart des cas et à des degrés variés, des traits ornithomorphes et anthropomorphes se conjuguent dans des représentations hybrides. L'oiseau est en relation avec les hommes, les dieux et les ancêtres défunts, et sa représentation sert en quelque sorte de véhicule entre le monde des hommes et celui des morts. L'origine de ce concept serait-elle due à l'absence initiale d'animaux terrestres dans les îles du Pacifique alors que l'oiseau était présent en milieu marin et en milieu terrestre, comme l'ont montré les travaux de Ralph Bulmer ?

En Polynésie, on remarque que les représentations d'homme-oiseau sont réparties aux trois sommets du triangle formé par l'île de Pâques, d'une part, les îles Chatam et la Nouvelle-Zélande où apparaît le motif du Manaia, d'autre part, et, enfin, Hawaii où des représentations pétroglyphiques d'homme-oiseau sont présentes à Kaunolu dans l'île de Lanaï. En revanche, cette image est rare dans les archipels du centre de la Polynésie : îles Marquises, îles de la Société, etc. Selon l'avis de T. Barrow (1967), ce fait trouverait une explication dans l'isolement des terres extrêmes du triangle qui aurait permis à la périphérie de conserver des représentations anciennes alors que celles-ci se seraient transformées jusqu'à disparaître dans le centre. Le concept de l'homme-oiseau serait donc très ancien en Océanie.

Dans l'île de Pâques, le culte de l'homme-oiseau était associé à celui du dieu Make Make qui tenait une place prépondérante dans la vie sociale et religieuse. Des cérémonies annuelles se déroulaient dans le village d'Orongo, à la pointe sud-ouest de l'île, au bord du cratère du Rano Kau. Elles duraient plusieurs mois à l'issue desquels des serviteurs d'hommes de haut rang entraient en compétition pour rapporter, à la nage, de l'îlot de Motu Nui, le premier œuf de l'hirondelle de mer. Le chef du gagnant portait alors pendant un an le titre de Tangata Manu, homme-oiseau. Il devenait le détenteur d'une autorité temporaire d'origine divine, mal définie, qui lui conférait un pouvoir politique sur la population. Il était assuré de privilèges économiques certains tels que la réception des prémices ainsi que des dons en nature pendant les fêtes. Ces avantages étaient accompagnés d'une sorte de retraite sociale obligatoire.

Cette cérémonie rythmait également certaines activités ; elle marquait, par exemple, l'ouverture de la saison des pêches en haute mer dont elle était censée assurer le succès.

La compétition sportive effectuée par les serviteurs de ceux qui, par descendance clanique, pouvaient prétendre au titre de Tangata Manu aboutissait à l'établissement d'une hiérarchie politique. L'assemblée entière était concernée, puisqu'elle se déplaçait dans sa totalité au village d'Orongo, pendant plusieurs semaines, pour suivre l'attente qui était ponctuée par des repas où l'on consommait, dit-on, de la chair humaine et par des danses.

— Marie-Claire BATAILLE

Bibliographie

T. Barrow, « Material Evidence of the Bird-Man concept in Polynesia »,[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences des Universités au Muséum national d'histoire naturelle

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