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CULTURE Culture de masse

C'est aux États-Unis qu'ont été créés les néologismes de mass media – terme qui englobe la grande presse, le cinéma, la radio, la télévision – et de mass culture – qui embrasse la culture produite, jouée et diffusée par les mass media.

Au cours du premier demi-siècle, et singulièrement à partir des années trente, les mass media sont entrés dans le champ de préoccupations des grandes firmes qui les utilisent, de la classe politique, de l'intelligentsia, de larges secteurs de l'opinion publique, et ces multiples intérêts ont donné naissance à la branche la plus originale de la sociologie américaine, la sociologie des mass media. En effet, les entreprises de presse (radio, cinéma, télévision, publicité) sont soucieuses de connaître leur marché, c'est-à-dire leur public. L'opinion adulte s'inquiète de l'influence dangereuse du cinéma, des comics, puis de la télévision sur l'enfance et la jeunesse, ce qui suscite de grandes enquêtes à partir des années trente. La classe politique se préoccupe, au cours des années de guerre d'abord, puis à l'occasion des élections présidentielles, de la puissance d'action des mass media. Enfin, l'intelligentsia ressent très fortement, durant la première décennie de l'après-guerre, que la culture de masse peut être à la fois une menace contre ses valeurs artistiques et intellectuelles, et une source d'abêtissement ou d'aliénation pour les populations qui la subissent.

La sociologie des mass media constitue son champ disciplinaire selon la formule de Laswell : « Qui dit quoi à qui avec quel effet. » Le premier qui concerne les sources émettrices, le second le public, le quoi désigne les contenus des messages qui doivent être analysés (content analysis). De fait, ce sont les études de public et d'effet qui sont privilégiées. Les études de public constituent de quasi-études de marchés pour les grandes firmes de cinéma, radio, télévision. Les études de l'effet produit par les mass media bénéficient des intérêts conjugués de l'opinion familiale, de l'intelligentsia et des pouvoirs publics sur l'aptitude des mass media à modifier, voire à manipuler, les populations réceptrices ; c'est dans ce domaine du reste que se manifeste l'apport fécond et décisif de Paul Lazarsfeld et de ses collaborateurs. Ceux-ci démontrent que, contrairement à un mythe très répandu dans toutes les couches de la société, les effets des mass media, en matière d'opinions ou de croyances, ne sont ni directs ni contraignants ; les groupes sociaux peuvent opposer une résistance très forte aux messages émis par les mass media dans le cas où ceux-ci heurtent leurs convictions ou leurs mythes fondamentaux. Dans certains cas même, le message est interprété de façon contraire à l'effet prévu, et se retourne contre celui qui l'a émis (effet boomerang). Déjà, dans les années trente, les Layne Fund Studies n'avaient pu conclure que les films de violence eussent un effet déterminant sur la délinquance juvénile. Mais qu'en est-il de l'effet culturel global des mass media sur les populations ?

Les enquêtes ne pouvaient donner de réponse à cette question. En effet, la sociologie américaine, dont les méthodes se sont affirmées sur les problèmes d'opinion, ne dispose pas d'outils pour envisager des problèmes globaux de culture et de civilisation. D'autre part, elle se fixe toujours des objets parcellaires ; elle conçoit la formule de Laswell comme un principe de découpage du champ scientifique, mais non comme un principe qui définit un système relationnel. En bref, il n'y a pas une sociologie ou phénoménologie des mass media, mais une juxtaposition de recherches formant agrégat.

C'est pourquoi le problème global de la culture de masse devient non pas un objet d'études,[...]

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Médias

Marilyn Monroe - crédits : Keystone Features/ Hulton Archive/ Getty Images

Marilyn Monroe

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