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TWOMBLY CY (1928-2011)

Depuis les années 1950, Cy Twombly réalisait, dans ses ateliers de New York et d'Italie, des œuvres sur toile et sur papier couvertes de traces et de signes que Roland Barthes a décrites comme « un palimpseste pervers ». S'inscrivant dans la continuité de l'expressionnisme abstrait tout en étant associées au néodadaïsme, sensuelles et ironiques, elles vont marquer des générations de peintres, dans le temps où l'on proclame la mort de la peinture. Médium dont elles accompagneront le retour dans les années 1980.

Après l'expressionnisme abstrait

Né le 25 avril 1928 à Lexington (Virginie), dans le sud des États-Unis, Cy Twombly, après des études à la Boston Museum School où il découvre les œuvres de Chaïm Soutine, Kurt Schwitters et Alberto Giacometti, arrive à New York en septembre 1950 en plein âge d'or de la peinture américaine. Il rencontre à l'Art Students League Robert Rauschenberg, qui va devenir son complice pour de nombreuses années, et se rend sur ses conseils au Black Mountain College (Caroline du Nord) où se joue dans la pluridisciplinarité la suite de l'expressionnisme abstrait. S'y trouvent, aux côtés d'un musicien comme John Cage et d'un poète comme Charles Olson, Franz Kline mais aussi Robert Motherwell qui en 1951 écrit sur son travail et lui ouvre les portes de la Kootz Gallery. Dans les œuvres à l'huile sur toile qu'il y présente, Twombly cherche à retrouver l'impact de l'art primitif, ainsi que des peintures de certains de ses contemporains, dont Jean Dubuffet.

En 1952-1953, il part avec Rauschenberg pour l'Italie, l'Espagne et le Maroc. À son retour, il expose ses œuvres, marquées par son voyage (Tiznit, 1953), à la Stable Gallery aux côtés des White et Black Paintings de Rauschenberg. Leurs propositions, réalisées dans un même atelier de la Fulton Street, peuvent être lues comme une mise à distance de l'expressionnisme abstrait. Twombly inscrit sur chaque toile, à la texture épaisse, des traces réalisées à la craie ou au crayon avec une volontaire maladresse, qu'il cultivera durant son service militaire à Augusta (Georgie) où, cherchant à désapprendre, il fait l'expérience du dessin dans l'obscurité.

De retour à New York, il réalise, entre 1954 et 1956, des peintures all over de grand format dans lesquelles des fonds noirs ou blancs sont parcourus de traces, partiellement effacées – des gribouillis où dessin et peinture se rejoignent. Dans ces œuvres abstraites, qui disent les doutes d'une peinture venant après l'expressionnisme abstrait (après Jackson Pollock, surtout), la provocation n'est pas exclue – il laisse ainsi transparaître le mot Fuck dans Academy (1955). Leurs titres sont issus d'une liste établie avec Jasper Johns et Rauschenberg – qui de son côté inclut des œuvres de Twombly dans les siennes (Rebus, 1955). En dialogue avec ces deux artistes néodadaïstes (mais aussi avec le dadaïste Schwitters), Twombly poursuit son travail de sculpture commencé en 1946, constitué d'assemblages de déchets (bois, fil de fer, tissu...) recouverts de peinture blanche, auxquels il ne donne jamais de titre. Tous trois partagent un même désir de rapprocher l'art et la vie – les œuvres de Twombly seront souvent comparées aux dessins d'enfants et aux graffitis.

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Écrit par

  • : docteur en histoire de l'art contemporain, professeur d'histoire de l'art à l'école régionale des Beaux-Arts de Rouen

Classification

Média

<it>Sans titre</it>, 1962, C. Twombly - crédits : De Agostini/ Getty Images

Sans titre, 1962, C. Twombly

Autres références

  • DESSIN CONTEMPORAIN

    • Écrit par
    • 2 084 mots
    • 1 média
    ...toutefois le matériau de prédilection des artistes avec son lot de qualités spécifiques au regard du grammage, du grain et de la fibre. L'œuvre graphique de Cy Twombly qui multiplie assemblage et collage est ainsi riche de toutes sortes de griffonnages et de griffures qui déterminent le dessin en fonction d'une...