IDAI CYCLONE
Le cyclone Idai
Le 4 mars 2019 à 0 heure UTC, une dépression tropicale est repérée au large de Quelimane. Se dirigeant vers le nord-ouest, elle atteint la côte du Mozambique dans l’après-midi, accompagnée de vents soufflant à plus de 70 km/h et de pluies intenses. Sur terre, les vents diminuent légèrement, mais les pluies demeurent tout aussi abondantes, provoquant de nombreuses inondations jusque dans le sud du Malawi. Le 7 mars au matin, sa trajectoire s’incurve vers l’est, et la dépression revient vers le canal du Mozambique, qu’elle atteint le 9 mars dans la matinée. Elle s’intensifie alors rapidement, passant dans l’après-midi au stade de tempête tropicale, avec des vents de plus de 70 km/h, et atteignant le stade de cyclone tropical le 10 dans l’après-midi, avec des vents soufflant à plus de 130 km/h.
Alors qu’il se rapproche des côtes de Madagascar, le 10 mars, vers 18 heures UTC, le cyclone rebrousse brusquement chemin. Il se dirige alors vers le sud-ouest et se renforce pour atteindre rapidement le stade de cyclone tropical intense, avec des vents de plus de 194 km/h. Après avoir obliqué un peu plus vers l’ouest, il atteint la côte du Mozambique au voisinage de Beira le 14 mars en fin de soirée, accompagné de précipitations diluviennes et de vents estimés à plus de 157 km/h, avec des rafales à 220 km/h. L’onde de tempête associée génère des vagues de 2,5 mètres de haut qui déferlent à un moment de hautes eaux et provoquent d’importantes submersions marines et des inondations. D’après les estimations, la ville de Beira, 530 000 habitants, quatrième ville et second port du Mozambique, serait détruite à près de 90 p. 100. Les vallées du Pungue et du Búzi sont inondées, des villages entiers disparaissent sous les eaux. Une fois sur terre, le système s’affaiblit progressivement, mais les pluies intenses qui l’accompagnent provoquent d’importantes inondations le long de sa trajectoire jusqu’à la frontière du Zimbabwe.
Les routes, les ponts, les lignes de communication sont dévastés. Les cultures sont saccagées, les réseaux de distribution d’eau sont détruits, le manque d’alimentation et la prévalence d’eau insalubre aggravent le risque déjà important de choléra, de paludisme et de typhoïde. Près de trois millions de personnes sont sinistrées. Le système se dissipe le 16 mars dans l’après-midi.
Selon les autorités locales, pour l’ensemble des trois pays concernés, qui font partie des pays les plus pauvres du monde et où les recensements sont difficiles, le bilan serait de plus de 1 000 morts, trois millions de sinistrés et environ 2 milliards de dollars US de dégâts. Le ministre de l'Environnement du Mozambique estime qu’il s’agit du pire désastre naturel de l'histoire du pays, pourtant fréquemment frappé par de violentes intempéries. Au Zimbabwe, l'état de catastrophe naturelle est déclaré, le président estimant que le pays n'a jamais connu de destructions d'infrastructures d'une telle ampleur.
L’aide internationale s’est alors organisée à travers de nombreuses instances comme l’Organisation des Nations unies (ONU), le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – qui a mis en place plusieurs centres de traitement du choléra – et Médecins sans frontières.
Six semaines plus tard, le 25 avril, alors que le pays s’efforçait de soigner ses plaies, un nouveau cyclone, du nom de Kenneth, touchait la côte de la province de Cabo Delgado, un millier de kilomètres plus au nord. Accompagné de vents soufflant à plus de 150 km/h et de très fortes précipitations, il endommageait des milliers d‘habitations et faisait une quarantaine de morts et de nombreux blessés.
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Écrit par
- Jean-Pierre CHALON : ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts honoraire
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Médias