CYNISME
La perversion des apparences
Il y a dans la rage cynique à discréditer la lettre, à se faire connaître, voire reconnaître, pour qui l'on est, masques bas, un optimisme inavoué qui n'en peut mais de paraître parfois opportuniste. Pragmatisme inconséquent puisque cet autre dont le cynique a besoin et dont il abuse comme pour s'en mieux défendre, cet autre il ne désespère pas le toucher (s'en servir ?) et le transformer comme le ferait une grâce. Volonté – bonne, et innocence singulière – qui est au cœur de tout projet moral et qu'en l'occurrence, de prime abord, on s'explique mal. C'est que le cynique travaille à pervertir les apparences pour les dissocier de la réalité essentielle ou exemplaire nature. Aussi bien, les apparences ne se jouent-elles plus de lui mais contre lui ; car il n'hésite pas, pour mieux dénoncer la vie civique comme mal nécessaire et le rationalisme comme prévaricateur et mystification de la saine raison et du bon sens, à tirer profit des avantages de la cité et des privilèges de la raison éristique, retournant contre elles ces armes ; malversation à la manière du cheval de Troie. Usage métaphorique de soi au bénéfice d'autrui, le cynisme provoque autrui à se déjuger pour convertir et laisse à découvrir la sagesse et le bonheur véritables dans l'amélioration des rapports de soi à soi d'abord.
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Écrit par
- Henri WETZEL : agrégé de l'Université, assistant au département de philosophie de l'université de Poitiers
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