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CYPÉRALES

Biologie, écologie et usages

Selon une idée générale assez répandue, les Cypéracées habitent exclusivement les marais ; certes, dans ces milieux, où manque souvent la strate arborescente, les herbes sociales, Graminées et Cypéracées surtout, arrivent à dominer la végétation et impriment leur cachet propre au paysage ; c'est le cas des formations à grands Carex de nos bords d'étangs, ou des fourrés flottants impénétrables de Cyperus Papyrus, le « sudd » du haut Nil. Il y a néanmoins des Cypéracées à peu près partout, dans la plupart des milieux et sous toutes les latitudes, de la forêt dense jusqu'aux déserts tropicaux ou à la toundra arctique, lieu d'élection de nombreux Carex (dont certains se retrouvent, avec des aires de répartition disjointes, sur les sommets alpins). Il y a des Cypéracées de parois rocheuses, de sables littoraux, de savanes sèches ; il y a même des lianes (Scleria) ou des épiphytes facultatifs (Coleochloa).

Les Cypéracées sont souvent sociales, soit parce que, vivaces, elles disposent d'un grand pouvoir de multiplication végétative et de propagation par rhizomes ou stolons rampants (cas de Cyperus rotundus, mauvaise herbe très envahissante dans les régions chaudes), soit par leur production élevée de graines, ceci surtout pour les espèces annuelles qui peuvent ainsi envahir de façon gênante les rizières. En dehors des régions chaudes, les annuelles sont rares ; les Carex européens forment souvent des pelouses assez fermées, grâce à leur pouvoir compétitif élevé. Des pelouses semblables sont, en Afrique, formées par une autre Caricoïdée, Afrotrilepis pilosa, qui joue sur les inselbergs granitiques un rôle très important de pionnier, en constituant à lui seul un sol.

La biologie florale des Cypéracées a été peu étudiée ; la pollinisation par le vent est généralement admise, malgré une spécialisation de l'androcée moins poussée que chez les Graminées. La zoogamie existe aussi.

Dans les zones tempérées et froides, c'est donc le genre Carex qui détient la suprématie ; il n'est pas absent des tropiques, qui abritent (en Asie surtout) certains de ses représentants les plus curieux. Il s'y efface cependant derrière les Cypérées évoquées plus haut, les Scirpées qui, outre Scirpus, Eleocharis, comptent de grands genres tropicaux (Fimbristylis, Bulbostylis) ; les Rhynchosporées comptent surtout Rhynchospora, principalement américain, et un groupe de genres plus spécialement répandus dans la flore australe et pacifique : Schoenus, Tetraria, Machaerina. Parmi les Caricoïdées, les Scleria jouent un rôle important dans toutes les régions tropicales, et, en Amérique, les Cryptangiées comptent de nombreuses espèces.

Sur le plan économique, les Cypéracées ne tiennent aujourd'hui qu'une place très restreinte : quelques ornementales (Cyperus alternifolius, souvent improprement dénommé «  papyrus »), quelques restes de cultures anciennes (Cyperus esculentus, avec les tubercules duquel les Espagnols produisent la horchata de chufa), quelques usages locaux résiduels (en Afrique noire, Cyperus maculatus contient dans ses rhizomes un parfum apprécié). On ne peut toutefois clore ces lignes sans évoquer la gloire passée du papyrus (Cyperus Papyrus) auquel l'Égypte ancienne doit sans doute une part de son épanouissement.

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Écrit par

  • : ancien assistant au Muséum national d'histoire naturelle

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Papyrus - crédits : Frédéric Bisson/ Flickr ; CC-BY 2.0

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Roseaux - crédits : Gerard Sioen/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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