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NORWID CYPRIAN KAMIL (1821-1883)

Pour Norwid, la poésie est une activité essentiellement « sérieuse », aboutissement d'une longue chaîne de travaux qui, partis du simple et du populaire, aboutissent à l'héroïque et à l'universel. L'art acquiert une dignité nouvelle : « étendard sur la tour des travaux humains ». Le poème est masque, allusion, allégorie, car la vérité du signe exige un effort de la part du lecteur. Fortement intellectualisée, la poésie ne cache pas ses prétentions didactiques, mais ce didactisme socratique est toujours invitation à déchiffrer un sens caché, imprévu.

Le génie de Norwid est surtout lyrique. Son œuvre méprisée et dispersée est redécouverte à la fin du xiXe siècle par Z. Przesmycki (Miriam) ; aujourd'hui elle est placée aux sommets de la littérature polonaise.

Norwid parle un langage étrangement actuel, ne fût-ce que par son imagerie rugueuse, son goût de l'ellipse et son refus absolu de la rhétorique.

La rançon de l'indépendance

Né à Laskawo-Głauchy, près de Varsovie, Cyprian Kamil Norwid, précocement orphelin, étudie la peinture et débute comme poète en 1840, se taillant une réputation parmi les cercles de la jeunesse patriote. En 1842, il part pour l'étranger, visite l'Allemagne et l'Italie où, tout en s'occupant de sculpture, il pénètre dans les milieux conservateurs de l'émigration polonaise. Épris de Marie Kalergis, il la suit à Berlin où il décide de se fixer définitivement à l'étranger. À Rome, il se lie avec le poète Z. Krasiński. C'est à cette époque qu'il commence à élaborer un style personnel qui va étonner et déconcerter même ses amis. En 1849, il s'établit à Paris, gagne l'amitié de J. Słaowacki et de Chopin et se rapproche des cercles de gauche ; en 1850, il écrit son premier grand poème de l'âge mûr : Promethidion. La pauvreté, l'incompréhension et les échecs sentimentaux l'incitent à partir pour New York en 1852. Tombé dans la misère la plus noire, il revient à Londres, puis à Paris en 1854. Vivant de ses dessins, il s'acharne à faire connaître ses idées et ses poèmes en publiant un recueil (1862), en donnant des conférences et discutant avec une critique de plus en plus froide à son endroit. De modestes succès ne peuvent contrebalancer les effets de la misère, de la maladie (phtisie, surdité), de la solitude sentimentale et d'un caractère extrêmement fier. Las de tant d'échecs, Norwid, presque entièrement oublié, s'enferme en 1877 dans un asile pour vétérans polonais où il travaille jusqu'à sa mort. Il est enterré au cimetière polonais de Montmorency ; en 1888, son corps est jeté à la fosse commune.

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