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CYPRIEN DE CARTHAGE (200 env.-258)

Un évêque confronté aux difficiles problèmes qui se posent à l'Église au milieu du iiie siècle, tel est Cyprien de Carthage. La persécution de Dèce a fait des martyrs, mais aussi des apostats (lapsi) : faut-il admettre ceux-ci à la pénitence et à la réconciliation ecclésiastique, et à quelles conditions ? Des divisions sont nées après la persécution : comment sauvegarder l'unité de l'Église « catholique » ? L'évêque est le centre de cette unité, signifiée et réalisée dans l'eucharistie. Quelles relations doivent s'établir entre les diverses Églises, et spécialement entre elles et l'Église de Rome ? Celle-ci a-t-elle dans l'unité catholique un rôle de prééminence et d'autorité ? À ces problèmes s'ajoutent les questions pratiques de vie chrétienne : l'aumône ou la prière, la modestie des vierges, etc. Sur tous ces points, l'évêque de Carthage, malgré les lacunes de son ecclésiologie, est un témoin privilégié de la Tradition.

Un pastorat mouvementé

Né au début du iiie siècle à Carthage, où il est un rhéteur renommé, Cyprien est choisi comme évêque de cette ville peu après sa conversion (248-249). Bientôt éclate la persécution de Dèce (fin 249). Obligé de se cacher, Cyprien soutient par ses Lettres la résistance de ses fidèles. Rentré à Carthage, il doit régler le problème de la réconciliation des lapsi (les chrétiens qui avaient « failli » durant la persécution) : en plein accord avec l'évêque de Rome Corneille, il prend à leur égard des mesures de miséricorde (concile de Carthage, 251), qui provoquent le schisme des rigoristes Felicissimus et Novat (à Rome, à la même époque, dans une situation analogue, c'est le schisme de Novatien). À partir de 255, Cyprien se trouve en conflit violent avec le successeur de Corneille, Étienne, au sujet de la validité du baptême administré par les hérétiques : trois conciles de Carthage (255, 256) maintiennent la tradition africaine, qui niait cette validité et rebaptisait les hérétiques qui revenaient à l'Église ; Étienne tient pour la tradition opposée de l'Église de Rome. Le conflit faillit amener une rupture. Quand la persécution reprend sous Valérien, Cyprien, d'abord relégué à Curubis, est ensuite rappelé à Carthage, où il est condamné et décapité le 14 septembre 258. Les Actes de son martyre (Acta proconsularia, procès-verbal officiel du jugement et récit de l'exécution) sont un des plus beaux textes de ce genre qui aient été conservés.

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