Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ADOULA CYRILLE (1921-1978)

Né à Léopoldville, Cyrille Adoula, fils d'un docker de la tribu des Bangala, est le premier Congolais à être employé à la Banque centrale du Congo belge. Très vite, il se lance dans le combat syndical et politique. Il entre en 1956 à la F.G.T.B. (Fédération générale du travail de Belgique) du Congo qui, sous son impulsion, deviendra en 1959 la F.G.T.K. (Fédération générale du travail du Congo) ; il en sera le secrétaire général. En août 1958, il est l'un des signataires du mémorandum des Seize (première manifestation des nationalistes congolais) qui demande aux autorités belges un régime local d'autonomie ; la même année, il participe à la fondation du Mouvement national congolais (M.N.C.) avec Joseph Iléo et Patrice Lumumba. Lors de la scission du M.N.C. en juillet 1959, il prend parti contre Lumumba en faveur de Kalondji (de la province du Sud-Kasaï) qui représente l'aile modérée du parti et qui, plus tard, forme une coalition avec l'Abako (Association des Bakongo) conduite par Joseph Kasavubu.

Élu sénateur de Coquilhatville, Adoula est nommé ministre de l'Intérieur dans le gouvernement formé par Joseph Iléo en février 1960 à la suite de la rupture entre Lumumba et Kasavubu. À nouveau ministre de l'Intérieur dans le second gouvernement Iléo formé en septembre 1960 à la fin du régime militaire du colonel Mobutu, Adoula présente et fait adopter, à la conférence des dirigeants congolais à Coquilhatville, un plan de création d'une république fédérale du Congo. Après l'assassinat de Lumumba, Kasavubu le nomme Premier ministre en août 1961, poste où il restera jusqu'en juillet 1964. Désireux de former un gouvernement d'union nationale, il offre la vice-présidence du Conseil à Antoine Gizenga, ralliant ainsi le principal dirigeant des disciples de Lumumba regroupés à Stanleyville. Après l'intervention militaire des forces des Nations unies, il parvient également à conclure un accord avec Moïse Tshombe, mettant ainsi fin à la sécession du Katanga. Parallèlement, pour redresser la situation économique du pays, il décide de réaliser une dévaluation qui, techniquement, est une réussite, mais qui, cependant, n'aboutit pas aux résultats escomptés en raison de la désorganisation générale du pays et des désordres qui règnent dans l'administration. En outre, la mise en congé du Parlement jette à nouveau l'opposition dans la clandestinité (Pierre Mulele, lumumbiste, reprend le maquis). Le 28 mai 1964, une nouvelle constitution est adoptée par référendum, mais le gouvernement Adoula est obligé de démissionner.

En politique étrangère, Adoula professe sa volonté de combattre le colonialisme, prône la solidarité africaine et le non-alignement : « Le Congo doit se maintenir dans un neutralisme positif à l'égard de l'Est comme de l'Ouest. » À ce titre, il fait reconnaître le Congo par l'U.R.S.S. et plusieurs pays d'Europe de l'Est, engage des négociations avec la Chine, tout en continuant à bénéficier de l'aide américaine.

Mais, après la prise du pouvoir par Mobutu, ce nationaliste ardent dont le directeur de l'U.N.E.S.C.O. a pu dire qu'il était l'« Africain qui a le sens de l'État le plus aigu » se trouve quelque peu écarté des affaires publiques : ambassadeur à Bruxelles auprès du Marché commun en 1966, il est, la même année, affecté à Washington et y demeure en poste jusqu'en 1969. Cette année-là, il revient au Congo-Kinshasa pour siéger comme membre du bureau politique de l'Assemblée nationale.

Il devient ministre des Affaires étrangères puis, gravement malade, se retire en 1970 en Suisse, où il meurt en 1978.

— Bernadette PICARAT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : licenciée en droit, diplômée d'études supérieures de droit public

Classification

Autres références

  • CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU

    • Écrit par , , , , et
    • 24 917 mots
    • 13 médias
    Avec la mise sur pied d'un gouvernement central présidé par C. Adoula, en août 1961, on put croire qu'on allait aboutir à la réintégration des politiciens et militaires de Stanleyville et, sous la pression de l'O.N.U., à la résorption de la sécession katangaise.