LOUCARIS CYRILLE (1572-1638) patriarche de Constantinople (1620-1637)
Une des plus fortes personnalités de l'hellénisme sous la domination ottomane, Cyrille Loucaris, né en Crète, étudia à Venise et à Padoue, comme les clercs les plus doués de l'Église grecque à cette époque, et acquit une grande maîtrise de la rationalité occidentale. Le patriarcat de Constantinople l'envoya dans la métropole de Kiev, qui englobait le vaste État lituanien, où l'union avec la Pologne favorisait l'offensive de la Contre-Réforme et la formation d'une Église de rite oriental unie à Rome. Recteur de l'académie de Vilna, Cyrille, pour lutter contre l'« uniatisme », noue des contacts avec les protestants.
Patriarche d'Alexandrie (1602-1620), puis de Constantinople, il travaille à la renaissance de la culture grecque et à la réforme intérieure de l'Église orthodoxe dans un sens évangélique. Il traduit la Bible en grec moderne. Il renforce les liens de l'Orient chrétien avec les Églises issues de la Réforme, envoie à Jacques Ier d'Angleterre le fameux Codex Alexandrinus de la Bible, se lie d'amitié avec les chapelains des ambassades protestantes, notamment avec le pasteur Antoine Léger, théologien genevois, chapelain à l'ambassade des Pays-Bas. En 1629, il publie à Genève une « confession de foi » de tonalité nettement calviniste. Une violente controverse éclate alors dans le monde orthodoxe, tandis que les puissances catholiques et les Jésuites cherchent à compromettre le patriarche auprès du sultan. Déposé à plusieurs reprises, Cyrille est arrêté en 1638 et noyé sur l'ordre des autorités ottomanes.
Le « calvinisme oriental » de Cyrille Loucaris, réaction contre la tendance traditionaliste et ritualiste qui allait, quelques années plus tard, cristalliser dans la vieille-croyance russe, déclencha dans l'Église orthodoxe un vaste mouvement conciliaire qui parvint à sauvegarder l'originalité de l'« orthodoxie » face à la Réforme et à la Contre-Réforme.
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Écrit par
- Olivier CLÉMENT : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris
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Autres références
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GRÈCE - De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine
- Écrit par Jean CATSIAPIS , Encyclopædia Universalis , Dimitri KITSIKIS et Nicolas SVORONOS
- 21 411 mots
- 11 médias
...d'autre part, la bourgeoisie défendit une culture néo-grecque influencée par le protestantisme et le rationalisme. Ainsi le patriarche de Constantinople, Cyrille Loucaris (1620-1638), fondateur de la première imprimerie grecque dans la capitale de l'Empire, supervisa la traduction en grec parlé du Nouveau...