D'APRÈS L'ANTIQUE (exposition)
Le Louvre, avec les collections de ses sept départements, est à même de produire de grandes expositions thématiques et pluridisciplinaires. D'après l'Antique, qui s'est tenue du 20 octobre 2000 au 15 janvier 2001, a constitué une belle illustration de ce privilège. Il s'agissait pour les départements concernés – antiquités grecques, étrusques et romaines, peintures et sculptures – de montrer à travers des œuvres et des objets provenant du musée, mais aussi de prêts extérieurs nombreux, la permanence de la référence à l'Antiquité classique dans la création artistique occidentale depuis le Moyen Âge. Parmi les œuvres antiques parvenues jusqu'à nous, en effet, des sculptures – en majorité des répliques romaines d'originaux grecs – ont été plus particulièrement étudiées, dessinées et copiées par les artistes. Les raisons de cette fascination qui a duré des siècles, l'utilisation plus ou moins libre de ces modèles devenus peu à peu incontournables dans l'enseignement des beaux-arts, le culte dont ils ont été entourés par certains collectionneurs, mais aussi leur détournement par le regard sarcastique et critique qu'ont posé sur eux les créateurs, surtout au xxe siècle, sont quelques-unes des questions abordées au fil de ce parcours.
Pour tenter d'y répondre, l'exposition confrontait une dizaine de chefs-d'œuvre antiques parmi les plus célèbres, à chacun desquels une section entière était réservée, aux études, copies, interprétations et adaptations diverses qu'ils ont pu susciter dans toutes les formes de création artistique (sculpture, dessin, peinture, mobilier et objets d'art, et même, pour la première fois au Louvre, photographies) de la Renaissance au xxe siècle : le Gladiateur Borghèse, le chapiteau corinthien, la statue équestre antique et notamment le Marc Aurèle du Capitole, le Tireur d'épine ou Spinario, le Laocoon,le buste de Vitellius et celui du Pseudo-Sénèque, la Nymphe à la coquille, enfin la Vénus de Milo.
Deux sections plus thématiques étaient consacrées l'une au type de meuble d'inspiration antique appelé « athénienne », l'autre à la constitution des collections antiques historiques ou de collections « rêvées » par des artistes. Une bonne part des pièces exposées étaient l'œuvre de très grands noms, comme Primatice, Tintoret, Rubens, David, Hubert Robert, Ingres, Canova, Rodin, Cézanne, Matisse, Max Ernst, Brancusi, Magritte, Dalí, Arman… Des prêts exceptionnels, comme le buste de Vitellius du Museo archeologico de Venise, le Tireur d'épine des Musei capitolini de Rome, l'Aphrodite de Capoue du Museo archeologico de Naples, et évidemment les œuvres modernes et contemporaines achevaient de donner du corps à ce rassemblement exceptionnel, jalonné de commentaires lisibles et bien documentés.
À l'entrée de l'exposition, l'évocation des richesses de la salle du Gladiateur, aménagée par le prince Marcantonio IV Borghèse dans sa villa romaine à la fin du xviiie siècle, était particulièrement saisissante : rassemblant, autour de la célèbre statue découverte en 1611, dix-huit sculptures – athlètes nus, animaux et éléments décoratifs, etc. – provenant de la collection constituée au xviie siècle par le cardinal Scipion Borghèse, neveu du pape Paul V, elle donnait une idée du goût d'un grand amateur italien de l'époque néo-classique, qui, pour exalter le chef-d'œuvre, n'hésite pas à l'intégrer à un véritable programme décoratif tirant parti d'un incroyable mélange d'œuvres de premier plan et de pièces de moindre importance. Cette évocation était aussi une manière de rappeler l'une des origines de la richesse du Louvre en statuaire antique : l'achat par Napoléon, en 1807, de toute sa collection au prince Camille Borghèse, son beau-frère.[...]
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Écrit par
- Robert DUPIN : auteur
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