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DAIMYŌ

Le régime du daimyō

Sous les Tokugawa, les daimyō devaient avoir reçu en fief du shōgun des terres dont la production de riz était estimée à 10 000 koku (1 koku = 180 litres) par an. Le « règlement général des maisons militaires » (buke sho hatto), promulgué en 1615, fixait leur statut. Leur relation politique avec le shōgun revêtait trois formes : le contrôle répressif, la vassalité, la participation à l'administration.

Quoique en paix (de 1615 à 1863), le Japon resta un milieu de caractère international rassemblant vainqueurs et vaincus, que le shōgun dominait à l'aide d'une coalition. Parmi les ancêtres des daimyō, certains avaient reçu leur principauté des Tokugawa (daimyō des trois maisons Tokugawa de Mito, Kii et Owari ; daimyō kamon, des parents de la dynastie shogunale ayant pour patronyme Matsudaira, daimyō fudai, des fidèles), tandis que d'autres, les tozama ou « seigneurs du dehors », l'avaient constituée avant que Ieyasu ne devînt shōgun. Ayant reconnu le morcellement politique comme un état de fait, le gouvernement shōgunal traita les tozama, y compris ceux qui avaient pourtant été dès l'origine ses alliés, comme des adversaires en puissance. Finalement, tous les daimyō durent résider la moitié du temps à Edo, y laisser leur famille en otage, n'élever ni ne réparer de château fort sans autorisation, ouvrir leur territoire à des inspecteurs, fournir à l'occasion une aide – pour la construction des forteresses shogunales, par exemple –, aide qui tendait à affaiblir leur puissance économique.

Quelle que fût leur origine, les daimyō étaient acceptés comme vassaux par le shōgun, de qui dépendait à chaque génération le choix de l'héritier du fief et la continuité de la maison princière. L'aide militaire – convertible en argent – due au shōgun variait selon l'importance du fief. Mais, en dépit de l'autonomie qui leur était reconnue dans leur territoire, les daimyō étaient responsables de l'ordre public, devaient faire respecter certaines lois générales du shōgun, et leur incapacité autant que l'infidélité étaient sanctionnées par des révocations, des retranchements de fiefs, des déplacements d'office d'une région dans une autre.

Les daimyō recevaient un titre et un rang de cour, qui les intégraient à l'administration impériale, prétendu héritage des temps antiques. Ils recevaient aussi une place dans l'une des salles d'audience du château shogunal, à Edo, où leur voix pouvait infléchir la politique du gouvernement central. Les conseils supérieurs de celui-ci comprenaient des daimyō choisis parmi certaines catégories de fudai. Leur fief était le support de leur carrière d'homme d'État ; leur attitude en tant que chefs de principauté était subordonnée à leur participation au pouvoir central.

Inégaux en dignité – selon la valeur du fief, la possession ou non d'un château, le titre et le rang de cour –, mais théoriquement égaux en pouvoir, les daimyō tendaient en fait à se diviser en deux catégories : ceux qui se comportaient surtout en agents et membres du gouvernement shogunal ; ceux qui étaient plus attachés à l'autonomie de leur fief, afin d'accroître son influence dans la nation. Mais beaucoup de daimyō avaient été réduits par leurs vassaux à un rôle symbolique. Le sentiment de déférence qu'on leur devait s'était transformé en un patriotisme local qui, lors de l'abolition du morcellement politique au début de Meiji, se fondit aisément, le confucianisme aidant, dans le sentiment national.

L'unité du Japon trouva sa meilleure base, ainsi que la première forme de son armature administrative, dans les unités politiques cohérentes réalisés par les daimyō à l'échelle régionale.

— Michel François VIÉ

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres de l'université de Kyushu, Fukuoka, Japon

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