DAKAR
Capitale politique et économique du Sénégal depuis l'indépendance du pays en 1960, Dakar (Dacar ou Dahar, qui signifie « tamarinier » en wolof) a été fondée en 1857 par des colons français placés sous le commandement du général Louis Faidherbe sur le site d'un village de pêcheurs Lébou et Wolof. Dakar s'est rapidement affirmée comme une escale de premier plan pour les navires européens à destination de l'Amérique du Sud, puis pour les avions de l'aéropostale. Les profondeurs nautiques de sa rade, son port naturel, de même que les nombreux terrains disponibles ont détrôné sans mal l'île de Gorée, exiguë et surpeuplée, située à quelques encablures, et ancien point de départ du trafic négrier hollandais puis français vers les Antilles jusqu'à l'abolition de l'esclavage (en 1848). L'essor de Dakar s'est encore accéléré lorsque la ville s'est substituée à Saint-Louis au rang de capitale de l'Afrique occidentale française (A.O.F.) en 1902.
Localisée sur la presqu'île du cap Vert, face à l'océan Atlantique, Dakar est la ville d'Afrique située le plus à l'ouest. Cette impression de « finistère » est encore renforcée par sa fonction de terminus ferroviaire de la ligne Dakar-Bamako (construite en 1923).
Sa morphologie urbaine reflète encore très bien son origine coloniale. Le quartier du Plateau, localisé sur un promontoire surplombant le reste de la ville de 20 à 30 mètres, coïncide avec la vieille ville européenne. Sa vocation est administrative (notamment autour de la place de l'Indépendance et le long de l'avenue Georges-Pompidou), commerciale et résidentielle de standing. Ce quartier abrite aussi le centre des affaires et a conservé son allure agréable, aérée et verte, notamment autour du palais présidentiel et de son parc qui domine la mer. Au nord, le quartier de la Médina correspond à l'ancienne ville indigène, organisée entre 1915 et 1945 selon un plan en damier. Beaucoup plus récemment, le reste de la ville s'est déployé vers le nord-ouest (pointe des Almadies), le nord, en direction de N'gor et de Yoff (aéroport international) et surtout vers l'est pour sa composante populaire. Le front d'urbanisation a été guidé par le tracé de la presqu'île, jusqu'à gagner l'ancienne ville coloniale de Rufisque, née du commerce de l'arachide, à l'autre extrémité de la rade. Celle-ci est désormais totalement intégrée dans l'agglomération, au même titre que les villes intermédiaires de Pikine et de Guedjewaye, situées à une dizaine de kilomètres du centre et créées pour décongestionner le centre-ville et les quartiers populaires relativement proches (Médina, Grand Dakar, Gueule Tapée...). Surpeuplés et très dégradés, les nouveaux quartiers périphériques sont insuffisamment équipés et mal desservis, obligeant leurs habitants à de longs déplacements pendulaires.
Sous la double action des apports migratoires depuis les campagnes et de l'accroissement naturel, Dakar s'est très rapidement développée. Elle est ainsi passée de 400 000 habitants en 1970 à 2,6 millions d'habitants en 2005. Métropole macrocéphale, elle accueille la moitié de la population urbaine du pays.
Profitant de la crise ivoirienne et des reports de certains trafics maritimes et terrestres à son profit (notamment ceux du Mali), le port de Dakar enregistre d'excellents résultats. Son trafic (environ 10 Mt/an) devrait encore s'accroître en raison des travaux de rénovation visant à renforcer son attractivité à l'échelle de la sous-région. Un nouvel aéroport international devrait également voir le jour à Diass (à 40 km de Dakar) pour succéder à l'actuel aéroport Léopold-Sédar-Senghor, saturé et générateur de grandes nuisances pour les riverains.
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Écrit par
- François BOST : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
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