TRUMBO DALTON (1905-1976)
Né à Montrose dans le Colorado (États-Unis) et mort à Hollywood, Dalton Trumbo est célèbre pour avoir été l'un des « Dix d'Hollywood », c'est-à-dire l'une des principales victimes de la « chasse aux sorcières » qui s'abattit au cours des années 1950 sur l'industrie cinématographique américaine.
C'est en 1935 que Dalton Trumbo entre à la Warner Bros comme lecteur, après avoir été emballeur dans une boulangerie. L'année suivante, il écrit son premier scénario, Road Gang, que porte à l'écran Louis King.
En quelques années, Dalton Trumbo va devenir l'un des scénaristes les plus cotés de Hollywood ; On relève notamment son nom au générique de Devil's Playground (1936), A Man to Remember (1938) de Garson Kanin, Sorority House (1939) de John Farrow, Five Came Back (1939), A Bill of Divorcement (1940), Kitty Foyle (1940) de Sam Wood, The Remarkable Andrew (1941) de Stuart Heisler, A Guy Named Joe (1943) de Victor Fleming, Tender Comrade (1943) de Edward Dmytryk, Thirty Seconds over Tokyo (1944) de Mervyn LeRoy, Our Vines Have Tender Grapes (1945) de Roy Rowland. La carrière de Dalton Trumbo trouve un brutal coup d'arrêt lorsque, le 28 octobre 1947, il comparaît devant la commission présidée par J. Parnell Thomas et chargée d'enquêter sur la présence d'éléments procommunistes et antiaméricains dans les milieux hollywoodiens. « L'une des raisons de ma convocation, déclare Dalton Trumbo, a été le manifeste que j'ai écrit en 1941 en faveur de Harry Bridges, leader du syndicat des dockers de San Francisco. Comme il était de gauche et australien de naissance, le gouvernement essayait de l'expulser. » Au nom du Premier Amendement de la Constitution américaine, Dalton Trumbo et les autres accusés refusèrent de répondre aux deux questions relatives à leur appartenance à la Screen Writers Guild et au Parti communiste américain. Reconnu coupable, Trumbo est condamné à un an de prison et à 1 000 dollars d'amende. Le 8 juin 1950, Trumbo part pour la prison et purge sa peine à Ashland dans le Kentucky.
À sa sortie, Dalton Trumbo ne peut plus officiellement signer de scénario, puisqu'il est sur la « liste noire » ; il travaille alors sous divers pseudonymes. L'un de ses scénarios, signé Robert Rich et écrit pour le film d'Irving Rapper The Brave One (1956) obtient l'oscar du meilleur scénario de l'année. Trumbo parvient, à partir de 1960, à retrouver officiellement du travail et il collabore à plus d'un film célèbre : Spartacus de Stanley Kubrick, Exodus d'Otto Preminger (1960), The Last Sunset (El Perdido) de Robert Aldrich, Lonely are the brave (Seuls sont les indomptés, 1962) de David Miller, The Sandpiper (Le Chevalier des sables) de Vincente Minnelli, The Fixer (L'Homme de Kiev) de John Frankenheimer d'après Bernard Malamud, Executive Action de David Miller (1963), qui retrace le complot dont John Kennedy fut la victime, Papillon de Franklin Schaffner (1973).
En 1971, Dalton Trumbo porte à l'écran le roman qu'il avait écrit en 1938, Johnny Got His Gun, qui figura longtemps parmi les projets de Luis Buñuel. « Le personnage principal de mon film, écrit-il, est sourd, muet, aveugle, manchot, cul-de-jatte : une victime de la guerre, encore pleine de vie et d'intelligence. » Ce bouleversant appel à la solidarité et à la fraternité est le testament de Trumbo, pacifiste épris de liberté.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Patrick BRION : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3
Classification
Média