Dangerous rhythm, ULTRAVOX
Fondé en 1974, le groupe britannique Ultravox!, qui adoptera ultérieurement, en supprimant son point d'exclamation, le nom d'Ultravox, est d'abord influencé par David Bowie et le glam rock de Roxy Music. Il s'engage ensuite résolument dans la voie des musiques synthétiques avant de s'inscrire dans le courant dit néo-romantique, qui appartient à la new wave anglaise.
Ultravox produit une musique pop mélodiquement très élaborée, dans laquelle les synthétiseurs tiennent une place prépondérante. Le groupe connaît la notoriété internationale au début des années 1980, au moment où il change de cap et intègre Midge Ure, chanteur, guitariste et compositeur. L'album Vienna (1980) reflète une évolution vers une pop synthétique qui influencera Depeche Mode et Eurythmics.
Dangerous Rhythm correspond à la première configuration du groupe, c'est-à-dire à Ultravox!, menée par le chanteur John Foxx, passionné de musiques électroniques. La trame harmonique du morceau est assez linéaire, puisqu'elle est construite autour de trois degrés du mode mineur naturel; un accord majeur du cinquième degré majeur vient cependant parfois perturber cette «modalité». On notera que la section rythmique manque de cohésion, avec une batterie encore très ancrée dans les années 1970 – ce qui est perceptible dans le roulement de tom – et une basse presque reggae, et que le synthétiseur polyphonique, assez rare à l'époque, cherche ses marques en jouant surtout sur les contretemps. La guitare rappelle les Shadows et Roxy Music. La voix de John Foxx, très expressive, possède un timbre qui ressemble à celui de Bryan Ferry, le chanteur de Roxy Music.
Ce titre traduit manifestement un processus inachevé de quête d'une nouvelle identité sonore: à la fin des années 1970, de nombreux artistes ressentent la nécessité d'affranchir la pop music des guitares hurlantes pour créer de nouveaux paysages musicaux, mais leurs recherches sont limitées par l'inadéquation des outils alors disponibles. Les nouvelles tendances des musiques populaires se sont en effet presque toujours appuyées sur des avancés technologiques, en particulier sur les progrès de la lutherie, électrique, électronique puis numérique.
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Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore