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GAJDUSEK DANIEL CARLETON (1923-2008)

Médecin et chercheur américain (son père est slovaque, sa mère hongroise), né le 9 septembre 1923 à Yonkers (New York), Gajdusek s'est vu décerner en 1976, conjointement avec Baruch Blumberg, le prix Nobel de physiologie ou médecine pour ses travaux sur les agents étiologiques de plusieurs maladies neurodégénératives.

Diplômé de l'université de Rochester (New York) en 1943 et de Harvard en 1946, Daniel Carleton Gajdusek reste dans cette dernière université pour mener des recherches en pédiatrie et dans le domaine des maladies infectieuses, de 1949 à 1952. Au cours des trois années suivantes, il travaille à l'institut de recherche militaire Walter Reed à Washington, puis à l'Institut Pasteur d’Iran (à Téhéran). C'est en 1954, alors qu'il est en visite à l'institut de recherche médicale Walter et Eliza Hall à Melbourne (Australie), que Gajdusek se lance dans les travaux qui lui vaudront le prix Nobel.

Groupe de Fore de Nouvelle-Guinée - crédits : John D Mathews, Phil. Trans. R. Soc. B. 2008, 363 3679-3684, © 2008 The Royal Society

Groupe de Fore de Nouvelle-Guinée

Gajdusek contribue à la découverte et procède à la première description clinique d'une maladie du système nerveux central observée uniquement au sein du peuple Fore en Nouvelle-Guinée et que ceux ici appellent kuru(« tremblement »). Il vit parmi cette population dont il étudie la langue et la culture, et, en procédant à des autopsies sur les corps des victimes du kuru, Gajdusek en vient à la conclusion que la maladie se transmet au cours d'actes de cannibalisme qui font partie des rites funéraires de la tribu et qui consistent à manger le cerveau du défunt. Il démontre cette hypothèse infectieuse en plaçant des fragments de cerveau humain malade dans le cerveau de singes, qui développent ensuite une maladie voisine. En 1958, Gajdusek prend la direction des laboratoires de recherches virologiques et neurologiques des instituts nationaux de la santé aux États-Unis (National Institutes of Health, NIH). Après plusieurs années de recherches, essentiellement menées en collaboration avec son collègue Clarence Gibbs, il émet l'hypothèse que l'apparition retardée de la maladie serait due à un virus capable d'agir très lentement, voire de rester latent durant des années. Cette hypothèse se révèle inexacte. L’agent infectieux n’est pas viral. Stanley Prusiner démontre en 1982 que cette famille de maladies dégénératives animales et humaines (Kuru, maladie de Creutzfeldt-Jakob, tremblante du mouton, liste à laquelle s’est ajoutée la maladie de la vache folle à partir de 1986) est due à un agent infectieux très particulier, une protéine appelée prion.

Outre son travail en virologie, Gajdusek s’intéresse à l'apprentissage et au comportement de l'enfant dans les cultures du monde pacifique. La fin de sa vie est ternie par des accusations de maltraitance, suivies d’une condamnation à un an de prison, sur les enfants qu’il avait ramenés de Micronésie et qu‘il étudiait, ce qui le contraint à quitter les États-Unis en 1998 pour s’installer en Europe.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Groupe de Fore de Nouvelle-Guinée - crédits : John D Mathews, Phil. Trans. R. Soc. B. 2008, 363 3679-3684, © 2008 The Royal Society

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Autres références

  • KURU

    • Écrit par
    • 740 mots

    En 1957, un médecin américain, Vincent Zigas, officier de santé en Nouvelle-Guinée, signalait une curieuse maladie neurologique qui décimait une tribu locale, et que les indigènes appelaient kuru. La chance voulut que Carleton Gajdusek, également médecin de l'armée américaine, fût en...

  • PRUSINER STANLEY B. (1942- )

    • Écrit par
    • 579 mots

    Neurologue américain. Alors que la crise de la vache folle n'était pas encore retombée, le soixante-seizième prix Nobel de physiologie ou médecine a été attribué en octobre 1997 à Stanley Prusiner, auteur de la seule théorie proposée à ce jour pour rendre compte d'un certain nombre de particularités,...