COHEN DANIEL (1953-2023)
Un humaniste inquiet de l’évolution du capitalisme
Deux autres thématiques structurantes donnent à la voix de Daniel Cohen une résonance particulière. La première concerne l’avènement d’une « société post-industrielle », à laquelle il consacre un essai tiré de son cours au Collège de France (2006). À rebours de l’organisation industrielle fordiste, Daniel Cohen s’inquiète de voir, dans les économies de services, une rupture entre la question économique et la question sociale. Pour lui, le capitalisme financier qui accompagne les mutations économiques porte en germe la fin de la solidarité et de l’élévation sociale. Dans La Prospérité du vice (2009), l’auteur remet en lumière le paradoxe d’Easterlin qui dissocie l’accroissement de richesses du bonheur individuel.
Trois ouvrages portant sur les mutations du capitalisme sont plus contemporains encore. Dans Homo economicus (2012), l’essayiste souligne le vide et les souffrances d’agents économiques amenés à arbitrer entre des désirs contradictoires et mis en compétition permanente. L’hystérie du travail et l’enfermement dans un « présent perpétuel » sont quant à eux pointés dans Il faut dire que les temps ont changé (2018). Enfin, son dernier livre, Homo numericus (2022) met en exergue les espoirs déçus du numérique : à défaut de créer du lien et des contre-pouvoirs, la digitalisation débouche sur de la solitude et des angoisses qui expliquent, en partie, la fragmentation politique et la montée des populismes.
Figure marquante de la science économique et de sa diffusion, Daniel Cohen est décédé le 20 août 2023 à Paris.
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Écrit par
- Olivier MARTY : enseignant en économie européenne à Sciences Po et à l'université de Paris
Classification
Média
Autres références
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NOS TEMPS MODERNES (D. Cohen) - Fiche de lecture
- Écrit par Anne DEMARTINI
- 1 051 mots
Raréfaction inexorable de l'emploi, à l'origine d'une pauvreté toujours plus grande ; lien social, jadis garanti par les structures entrepreneuriale, étatique et familiale, et désormais menacé par l'essor d'un individualisme dont le néo-libéralisme n'a de cesse...