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COHN-BENDIT DANIEL (1945- )

Ancien leader de la révolte étudiante de Mai-68 à Paris, Daniel Cohn-Bendit a fait son retour sur la scène politique française en conduisant la liste des Verts aux élections européennes de juin 1999. Ardent défenseur de l'Europe fédérale et de l'euro, plus réformiste que révolutionnaire, encore libertaire mais aussi libéral, « Dany le Vert » aurait bien fait oublier « Dany le Rouge », n'était un franc parler intact et des prises de position iconoclastes causant bien des remous au sein de la « gauche plurielle ».

Né le 4 avril 1945 à Montauban (Tarn-et-Garonne), de parents juifs allemands qui avaient fui le nazisme en 1933, Daniel Cohn-Bendit vit en France jusqu'en 1958, date à laquelle ses parents regagnent l'Allemagne. À seize ans, il opte pour la nationalité allemande, puis passe son baccalauréat. Il revient en France suivre des études de sociologie à l'université de Nanterre (Hauts-de-Seine). Anarcho-communiste déclaré, il s'y fait remarquer le 8 janvier 1968, lors de l'inauguration de la piscine, en interpellant François Missoffe, ministre de la Jeunesse et des Sports, à propos d'un rapport sur la jeunesse occultant la sexualité. Le 22 mars, il est l'un des fondateurs du mouvement éponyme. Ses membres, bientôt surnommés les « enragés », allaient être à l'origine des événements de Mai-68. Agitateur né, Daniel Cohn-Bendit, avec son œil moqueur, sa langue bien pendue et sa tignasse rousse, en est vite une figure médiatique. Expulsé par le ministre de l'Intérieur (il est de nationalité allemande), il devient un symbole « avant d'être ringardisé », comme il le reconnaît lui-même aujourd'hui.

Cet exil forcé le délivre d'un vedettariat pesant et lui ouvre le champ d'expériences inédites sur la scène alternative allemande. Installé à Francfort, il vit en communauté dans un appartement qu'il partage avec Joshka Fischer, futur ministre des Affaires étrangères, en 1998, du gouvernement de coalition de Gerhard Schröder. Il participe activement à la création du groupe Revolutionärer Kampf (Combat révolutionnaire) qui essaimera en une multitude de sous-groupes au militantisme spécialisé. En 1972, il est éducateur dans une crèche « anti-autoritaire ». Le récit qu'il fit de cette expérience dans Le Grand Bazar (Belfond, 1975), sera utilisé en 2001 pour l'accuser d'abus sexuels sur enfants, lors d'une violente campagne de presse déclenchée en Allemagne. Soutenu par les parents et enfants de ces crèches alternatives, Daniel Cohn-Bendit se défend : il nie la réalité des faits rapportés dans le passage incriminé et évoque son « besoin maladif et permanent de provocation ». Libraire à la Karl Marx Buchhandlung et, de 1980 à 1990, journaliste à Pflasterstrand (Sous les pavés la plage), sa notoriété lui vaut en 1995 d'être appelé par la télévision suisse de langue allemande pour animer une célèbre émission littéraire, « Literaturclub ».

Il adhère en 1984 au parti écologiste allemand Die Grünen (Les Verts) et milite à Francfort. En 1989, élu sur une liste de coalition SPD-Grünen, il obtient la création d'un poste d'adjoint aux questions multiculturelles. Aux élections européennes de la même année, il est candidat, à titre symbolique, sur une liste écologiste italienne. Il entre au Parlement européen cinq ans plus tard avec les Grünen. Dans la bataille d'appareil que se livrent Fundis et Realos (dogmatiques et pragmatiques), il est, avec Joschka Fischer, partisan d'une intervention en Bosnie dès 1994. En septembre 1995, dans l'hebdomadaire Die Woche, il déclare : « Tant que nous devrons vivre avec quelqu'un comme Jirinovski à Moscou, je trouve qu'il serait cinglé de détruire toutes les armes nucléaires. »

Contesté en Allemagne, il croise en 1997 des Verts[...]

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